Les minorités ethniques et religieuses restent confrontées à des discriminations à l’emploi dans la plupart des Etats membres, selon le Réseau européen contre le racisme (ENAR). Dans un rapport publié le 17 mars, l’organisation montre que la crise a même renforcé l’écart existant entre le taux d’emploi des minorités et la population majoritaire. D’après les statistiques de l’Organisation internationale du travail, en France, 35 % des employés du secteur privé et 26 % des fonctionnaires ont signalé avoir été témoins de discriminations au travail en 2012.
Au total, ENAR a publié 23 rapports nationaux. Celui sur la France porte sur la période comprise entre mars 2012 et mars 2013. D’une manière générale, il constate un « manque de politiques publiques pour réduire la discrimination ethnique et religieuse au travail ». Il recommande donc au gouvernement de mettre en œuvre une stratégie détaillée pour lutter contre toute forme de discrimination, fondée sur des politiques spécifiques contre la discrimination. Il préconise également des indicateurs sur la diversité des origines des employés, les statistiques ethniques étant interdites en France. Ces indicateurs, précisent l’organisation, pourraient renseigner la nationalité des parents et grands-parents dans l’objectif de couvrir la deuxième et troisième génération d’immigrés. Ils pourraient également porter sur la répartition des employés d’origine étrangère dans les différents niveaux de la hiérarchie pour vérifier qu’ils ont également accès aux plus hautes responsabilités.
Le rapport met ensuite en lumière les nombreux obstacles rencontrés par les victimes de discrimination lorsqu’elles veulent aller en justice, notamment la difficulté de prouver la discrimination. Il recommande de mieux former les étudiants en droit et de prévoir des formations sur les développements de la législation anti-discriminations et sur les difficultés pratiques rencontrées. Enfin, le rapport note que les acteurs de la société civile regrettent le remplacement de la Haute Autorité de lutte contre les discriminations et pour l’égalité, jugeant que « le défenseur des droits est considéré comme étant moins efficace ». Ce rapport a été publié en amont de la journée internationale contre le racisme, célébrée le 21 mars.