Il y a vingt-cinq ans, Paul Amblard (Jacques Gamblin) est allé au bout de son premier Ironman. A Nice, en 2013, il tente de nouveau l’exploit. Cette fois, il embarque son fils infirme moteur cérébral dans l’aventure. Parviendront-ils au bout des 3,8 km de natation, des 180 km de cyclisme et des 42,195 km de course à pied de cette épreuve sportive ? L’histoire du film De toutes nos forces débute un an plus tôt. Paul est licencié d’un travail qui l’a tenu éloigné de sa famille une bonne partie de l’année – une façon de ne pas affronter le regard de son fils, dont il n’a jamais accepté le handicap. Mais à 17 ans, Julien a envie de nouer une relation avec son père. Contre l’avis de sa mère (Alexandra Lamy), très protectrice, il le convaincra tant bien que mal de tenter l’Ironman. Et les personnages noueront des liens de plus en plus forts au fur et à mesure de la préparation de la course.
Après avoir réalisé un documentaire au service de neurologie de l’hôpital Necker, le réalisateur Nils Tavernier désirait montrer comment des enfants atteints de pathologies lourdes pouvaient « rayonner d’une énergie de vie incroyable qu’ils transmettaient autour d’eux ». Pour interpréter le rôle de Julien, il a fait des castings pendant cinq mois dans 170 établissements médico-sociaux à travers la France. « Il fallait trouver un garçon handicapé qui pouvait jouer des attitudes et des sentiments, sachant que les infirmes moteurs cérébraux ont beaucoup de mal à feindre les émotions qu’ils ne ressentent pas », explique le réalisateur. Après avoir déniché la perle rare (Fabien Héraud, extrêmement convaincant), il l’a coaché pendant quatre mois en lui faisant travailler sa prononciation et son phrasé. Le rôle était, de plus, physique : « En temps normal, je suis toujours dans mon fauteuil électrique, témoigne Fabien Héraud. Mais là, je devais me tenir dans un bateau et dans des fauteuils particuliers pour la course à pied et pour le vélo. C’était très fatigant. » Sans compter que les scènes de vélo, où le personnage joué par Jacques Gamblin descend des pistes montagneuses à 55 km/h, étaient particulièrement effrayantes pour le garçon qui se tenait à l’avant, sans aucune protection et sans maîtrise de l’engin ! Au final, les scènes sportives, et notamment les 16 heures de course infernale filmées en condensé, sont haletantes. On est presque dans l’effort aux côtés de ce père qui doit porter son fils de 48 kg tout en nageant, en pédalant et en courant. D’une trame somme toute très classique – des personnages dysfonctionnels se retrouvent unis face à l’adversité –, Nils Tavernier fait un film touchant.
De toutes nos forces
Nils Tavernier – 1 h 30 – En salles le 26 mars