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Détermination de l’âge des jeunes étrangers isolés : les recommandations du HCSP en cas d’examen médical

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Aucune méthode scientifique ne permet actuellement de déterminer « avec précision et fiabilité » l’âge d’un individu, conclut le Haut Conseil de la santé publique (HCSP) dans un avis adopté le 23 janvier (1), dans lequel il émet donc des recommandations pour apprécier l’âge d’un jeune étranger isolé sur le territoire national.

Dans le cadre de la politique de gestion de l’accueil des mineurs isolés étrangers, le ministère de la Justice a en effet, via une circulaire du 31 mai 2013 (2), mis en place une « procédure pluridisciplinaire unique sur l’ensemble du territoire et opposable en trois étapes », rappelle le HCSP. Celle-ci comprend une évaluation sociale, la vérification des documents d’état civil et, en dernier ressort, « si le doute persiste », une expertise médicale de l’âge effectuée sur réquisition du parquet. Or la technique la plus souvent utilisée est celle basée sur la détermination de l’âge osseux, une approche sujette à caution et plusieurs fois dénoncée pour son manque de fiabilité. Des réserves ont notamment été exprimées par le Comité consultatif national d’éthique en 2005 et par l’Académie nationale de médecine en 2007, tandis que le défenseur des droits recommandait, en2012, « que les tests d’âge osseux, compte tenu de leur fiabilité déficiente, ne puissent à eux seuls servir de fondement à la détermination de l’âge du mineur isolé étranger » (3).

Un examen médical en dernier ressort

Saisi de cette question par la direction générale de la santé, le Haut Conseil de la santé publique formule huit recommandations, la première étant que « l’examen médical ne doit intervenir qu’en dernier ressort après évaluation sociale et examen des documents d’état civil », confirmant ainsi les termes de la circulaire du 31 mai 2013. L’examen proprement dit doit être réalisé dans une unité hospitalière de médecine légale, « avec au préalable un entretien en présence d’un interprète, si nécessaire, pour la bonne compréhension de l’objectif de l’examen et l’acceptation indispensable du sujet », cet examen ne devant pas être réalisé en cas de refus du sujet, poursuit le HCSP.

S’agissant des finalités de l’examen médical, celui-ci doit également « permettre d’identifier les événements de vie et les pathologies qui ont pu influencer le développement du jeune et de prendre en charge ses éventuelles pathologies ».

L’évaluation de l’âge pubertaire n’est quant à elle « pas indispensable et ne permet pas de fixer un âge d’état civil ». En outre, « afin de contourner les problèmes éthiques liés à l’examen des organes génitaux », le HCSP recommande « exclusivement l’utilisation de plaquettes représentant les différents stades de maturation pubertaire de Tanner », un procédé qui permet au jeune de faire « une auto-estimation de son stade de maturation pubertaire en fonction des dessins représentés sur ces plaquettes ».

Concernant l’évaluation de l’âge osseux, le Haut Conseil confirme que celle-ci « ne permet pas de déterminer l’âge exact du jeune lorsqu’il est proche de la majorité légale » tandis que « la détermination d’un âge physiologique sur le seul cliché radiologique est à proscrire ». En outre, « en cas de suspicion de grossesse, l’examen radiologique ne doit pas être pratiqué », recommande-t-il au passage.

Une combinaison de méthodes s’impose

Au final, « aucune méthode à elle seule ne peut scientifiquement donner un âge précis », affirme le HCSP, qui recommande de confronter les données récoltées lors de l’examen médical, en précisant que « cet examen sert à détecter des arguments médicaux de forte probabilité de minorité ». Il revient ensuite au médecin de « se prononcer sur la compatibilité entre l’âge allégué et l’âge estimé », le bénéfice du doute sur la majorité devant « toujours profiter au jeune ».

Sachant qu’il n’y a « pas de nouvelles données scientifiques permettant de déterminer avec précision et fiabilité l’âge d’un individu », si une demande médicale intervient en dernier ressort dans le cadre d’une requête judiciaire, « une combinaison de méthodes s’impose aux médecins, dans le cadre d’une unité hospitalière de médecine légale », conclut le Haut Conseil. Avant de demander que ses recommandations s’appliquent sur l’ensemble du territoire national.

Notes

(1) Disponible sur www.hcsp.fr.

(2) Voir ASH n° 2813 du 7-06-13, p. 42.

(3) Voir ASH n° 2790 du 4-01-13, p. 5.

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