Fruit d’un cycle de conférences données par une palette d’experts réunis par Youcef Boudjémaï, consultant-formateur dans le secteur social et médico-social, cet ouvrage invite à réfléchir au devenir du travail social. Rarement, dans son histoire, ce champ d’activité aura connu des changements aussi nombreux et d’une telle portée que ceux des dernières décennies, affirme Youcef Boudjémaï. En particulier, développe-t-il, « la fonction du travail social est plus que jamais clivée entre la conception solidariste » du droit de chacun à la solidarité au nom de son appartenance à un collectif, et « la vision libérale substituant l’assistance à l’insertion économique », qui impute à l’individu sa réussite et ses échecs. Or la fabrication de soi comme « singularité autonome »- ou plutôt ce régime d’« autonomie assistée » dont la société demande au travail social d’être le garant - relève de la gageure quand manquent les supports matériels de cette autonomie (travail, conditions de vie), pointe le sociologue Bernard Eme. Entre inégalités et responsabilité, on est au cœur d’un choix politique - mais un choix qui ne se fait pas, analyse Michel Autès, chercheur en sociologie. Même dans ses aspects les plus philanthropiques, le travail social avait su, jadis, être une forme de critique sociale. Cette parole qui prend des risques et se montre capable de « transformer les récits du malheur individuel en récit d’une aventure collective » constitue, pour Michel Autès, le cœur du travail social. Pas « une sorte de syndicalisme des pauvres », mais un lieu central dans la reconnaissance des droits, renchérit le philosophe Joël Roman.
Quel devenir pour le travail social ? Nouvelles questions, nouvelles légitimités
Sous la direction de Youcef Boudjémaï - Ed. L’Harmattan - 26 €