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Handicapés intellectuels : « se représenter soi-même » avec le soutien des professionnels

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Le 14 mars, pour la première fois, doit être organisée par l’association de personnes handicapées intellectuelles « Nous aussi » et l’Unapei (Union nationale des associations de parents, de personnes handicapées mentales et de leurs amis) une journée sur l’« auto-représentation ». Retour sur cette notion avec Cédric Mametz, président de « Nous aussi ».
Qu’est-ce que l’auto-représentation ?

C’est se représenter soi-même. Pour nous, personnes handicapées intellectuelles, c’est pouvoir nous exprimer sur tous les sujets qui nous concernent - logement, travail, loisirs, vie affective… -, comme tout être humain. A la différence du concept d’autodétermination - les personnes décident elles-mêmes sans aucune aide -, l’auto-représentation n’exclut pas les professionnels et les parents qui nous accompagnent. Au contraire, nous avons besoin de leur soutien.

Comment est née votre association ?

L’idée de sa création a germé en 1999 lorsque des personnes handicapées intellectuelles françaises sont allées voir comment leurs pairs d’autres pays européens - Angleterre, Danemark, Ecosse, Finlande - s’organisaient pour se faire entendre. Avec l’aide de l’Unapei, « Nous aussi » est née en octobre 2002. Notre objectif est d’être les porte-parole des personnes handicapées intellectuelles quelles que soient leurs difficultés, qu’elles soient reconnues comme des citoyens à part entière. Nous souhaitons modifier le regard porté sur elles.

Comment cette initiative a-t-elle été accueillie ?

Cela a été un changement de culture dans le paysage associatif. Avant, les parents ou les professionnels prenaient les décisions pour nous. Ça n’a pas été facile au début de nous faire entendre, nous avons dû les convaincre que nous étions les mieux placés pour parler de nos besoins. En dix ans, les choses ont évolué. Les choix des personnes sont davantage respectés. Prenons un de mes collègues - je travaille depuis 14 ans dans un ESAT - qui souhaitait changer de secteur d’activité : il n’a pas eu trop de difficultés à réaliser son souhait car les professionnels étaient à l’écoute. Il y a dix ans, ça aurait été plus difficile car les encadrants décidaient à notre place. La loi 2002-2 a mis les personnes handicapées au centre du dispositif. Des outils, comme le conseil de vie sociale, permettent d’avoir un lieu d’échanges et d’expression. Autre progrès : les associations parentales sont de plus en plus nombreuses à nous intégrer dans leur conseil d’administration.

Quelles sont vos actions ?

Nous regroupons 415 adhérents et rassemblons 27 délégations locales chargées de nous faire connaître auprès des associations parentales locales et des pouvoirs publics. Notre association est représentée dans plusieurs instances nationales - CNCPH, ANESM, Conseil français des personnes handicapées pour les questions européennes… - et européennes - plateforme européenne des représentants, Inclusion Europe. Aidés par l’Unapei - qui met deux salariés à mi-temps à notre disposition -, nous publions des lettres d’information, organisons un congrès tous les deux ans, alimentons notre blog (1). Nous avons participé à un guide européen rassemblant les règles pour traduire une information « facile à lire et à comprendre ». Pour faire connaître nos demandes, nous avons adopté des documents thématiques sur le travail et le vieillissement. Nous venons de participer à la réalisation d’un guide bancaire (voir page 20).

Qu’attendez-vous des professionnels ?

Qu’ils nous écoutent, encouragent notre expression, nous aident à prendre confiance en nous, prennent en compte nos souhaits pour qu’aucune décision qui nous concerne ne soit prise sans nous. Depuis quelques années, certaines délégations locales - à Dunkerque ou à Lens - interviennent dans les IRTS pour présenter notre association et nos attentes aux futurs professionnels. Nous sommes très bien accueillis par les étudiants, ils n’ont pas d’a priori.

A l’approche des élections municipales, avez-vous le sentiment d’être pris en considération par les candidats ?

Nous sommes 700 000 personnes handicapées intellectuelles en France et donc autant de potentiels votants. Nous essayons de rencontrer des candidats pour les inciter à traduire leur programme en « facile à lire et à comprendre ». Des efforts restent à faire pour que les locaux soient accessibles.

Notes

(1) http://nousaussi.over-blog.com.

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