Mosaïque militante

Valzeina est un village idyllique de 139 âmes situé dans les montagnes suisses. Il y a quelques années, le gouvernement y a installé un centre de déportation pour les demandeurs d’asile. Les villageois ont vécu cet événement comme « un tremblement de terre ». A présent, à Valzeina, une personne sur quatre est un immigrant clandestin. Entre des plans de magnifiques paysages verdoyants, le film Life in paradise, de Romain Vital, à l’image léchée, montre la façon dont fonctionne la politique d’asile suisse, interroge les professionnels et les habitants et, surtout, témoigne de ce que signifie pour les demandeurs d’asile le fait d’être exilé de manière transitoire au « paradis ». Plus au nord, dans un minuscule village de pêcheurs de Norvège, s’élève le Mottak Senter, qui accueille également des demandeurs d’asile. Ce sont les Réfugiés de la nuit polaire, de Charles Emptaz et Jonathan Châtel : 120 hommes et femmes – dont Oussama, syrien, et Salek, du Sahara occidental – qui résident là après avoir fui la guerre, la famine, le fanatisme. Ils apprennent désormais le norvégien et travaillent à l’usine de poissons, en attendant de connaître leur sort…

Pour sa 12^e édition, le Festival international du film des droits de l’Homme a sélectionné ces deux documentaires, qui résonnent l’un avec l’autre. A leurs côtés, 20 autres films documentaires et 5 courts métrages sont présentés, dont 13 inédits en France, totalisant plus d’une cinquantaine de séances. Au programme, outre l’exil et les conditions de vie des réfugiés et des demandeurs d’asile (dont EU 013, l’ultima frontiera, d’Alessio Genovese), sont abordées des problématiques variées : l’emploi (Pôle emploi, ne quittez pas, de Nora Philippe), les Roms (Adela, d’Avril Besson), les sans-abri (Au bord du monde, de Claus Drexel) (1)… Un festival de cinéma qui se veut « un lieu où l’art vient nourrir l’engagement militant, et réciproquement ».