Chaque culture donne forme et sens au handicap et définit, à partir de là, des pratiques de soin, d’accompagnement et de traitement des situations qui s’y rapportent. Cette façon dont la culture contribue à inscrire le handicap dans l’histoire du sujet et de ses groupes d’appartenance est mise en lumière par les contributions réunies sous la direction de Régine Scelles, psychologue clinicienne. Il faut, dit-on en Afrique, tout un village pour élever un enfant. Ce sont les « règles explicites et implicites de fonctionnement » de ce village qui « permettent, interdisent ou conditionnent le fait que l’enfant puisse bénéficier du portage et du façonnage psychique par le terreau » ambiant, explique Régine Scelles. Ainsi, l’enfant qui ne peut pas accéder à la crèche, au centre aéré, à la bibliothèque voit diminuer ses chances d’être pétri par la culture du « village ». Au-delà des spécificités culturelles dans lesquelles s’incarnent ici et là rejets et mises à l’écart, la psychanalyste Simone Korff-Sausse débusque une « universalité de la figure inquiétante du handicap ». Pour passer de l’intolérance à la tolérance et comprendre ce que ressent autrui atteint de déficience mentale ou habitant un corps inédit, il est indispensable d’avoir une capacité d’empathie, souligne-t-elle. Donnant à voir le monde du handicap à un très large public (19 millions de spectateurs en salles), le film Intouchables témoigne de ces enjeux d’identification. Récusant la compassion, ce film rit de la déficience, et c’est bien cet « humour empathique » qui crée de la complicité entre les personnages et avec le public, analyse le sociologue Alain Blanc.
Famille, culture et handicap
Sous la direction de Régine Scelles – Ed. érès – 25 €