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Sondés par le Secours catholique, les maires sont appelés à s’investir dans le « vivre ensemble »

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Inscrire la lutte contre l’exclusion comme l’un des engagements prioritaires des candidats aux élections municipales ? A l’approche du premier tour du scrutin, le 23 mars, les associations, qui expriment tour à tour leurs revendications, veulent encore y croire. Après que la Fondation Abbé-Pierre a sondé les candidats sur le mal-logement (1), le Secours catholique diffuse les résultats d’une enquête sur la perception de la pauvreté par les maires (2). L’association s’est déjà prêtée à l’exercice trois fois (en 1995, en 2001 et en 2008), ce qui lui permet de réunir des éléments de comparaison sur plusieurs années.

Le constat est clair : les maires témoignent de l’aggravation de la pauvreté et du creusement des inégalités. La majorité (80 %) de ceux interrogés estime que le nombre de personnes en situation de pauvreté augmente dans leur commune (+ 29 points par rapport à 2008). Pour 16 %, cette population est « en grand nombre ». Ils étaient seulement 11 % à le penser en 2008, année de la crise des subprimes, et 8 % en 1995. Pour les élus, la situation s’est globalement dégradée pour tous ceux potentiellement menacés par le chômage. Les femmes seules avec enfants (68 %) représentent la catégorie d’habitants la plus en difficulté, alors qu’elles étaient citées en troisième position en 2001, puis en deuxième en 2008. Elles sont suivies par les jeunes sans emploi (63 %, en hausse de 5 points depuis 2008) et par les personnes en emploi précaire (+ 8 points). Le Secours catholique relève que les immigrés – près du tiers des personnes accueillies dans ses lieux d’accueil – sont paradoxalement très peu identifiés comme des populations vulnérables par les maires : ils ne sont cités que par 2 % d’entre eux. De même, les sans domicile fixe sont rarement évoqués (4 %).

Face à la crise, quelles ont été les priorités ? 58 % disent avoir renforcé leurs actions dans le domaine de l’aide aux impayés (loyer, eau, gaz, électricité), 57 % pour l’aide à domicile, 56 % pour le soutien scolaire. Arrivent ensuite l’aide au logement (38 %), la lutte contre l’isolement (36 %), le soutien à l’emploi (26 %).

Le Secours catholique, qui a récemment interrogé les municipalités d’Ile-de-France (hors Paris) sur leur politique contre la pauvreté (3), demande aux candidats de s’engager sur plusieurs propositions: l’accès au logement pour les personnes à très faible revenu, la réalisation de l’analyse des besoins sociaux qui, bien qu’obligatoire, fait souvent défaut, et la représentation des personnes en situation de précarité au sein des centres communaux d’action sociale. Au-delà, l’association lance une campagne intitulée « Ne laissons pas disparaître la fraternité » pour « mettre le vivre ensemble au cœur des préoccupations » des élections municipales.

« Un projet social »

Cette ambition rejoint celle de l’Observatoire national de l’action sociale décentralisée (ODAS), qui renouvelle son vœu de voir les maires « impulser la définition d’un projet social », dans une logique de complémentarité avec les autres collectivités territoriales et avec le souci d’associer les habitants à la mise en œuvre du « vivre-ensemble » (4). En juin dernier, l’organisme avait publié les résultats d’une enquête menée auprès des villes de plus de 30 000 habitants, montrant un intérêt croissant des maires pour la question du lien social (5). Le développement social « pourrait s’inscrire plus formellement dans la culture municipale des prochaines années », concluait-elle. Cette perspective encourageante était néanmoins nuancée par les conclusions d’une recherche-action, rendues publiques au même moment, menée auprès de sept grandes villes: une trop large dispersion des responsabilités politiques et administratives nuit encore aux partenariats et à la cohérence des actions.

Notes

(1) Voir ASH n° 2846 du 7-02-14, p. 19.

(2) Réalisée par TNS Sofres du 21 janvier au 3 février auprès de 400 maires représentatifs de l’ensemble des communes.

(3) Voir sur l’article du 7 février dernier sur notre site www.ash.tm.fr, rubrique « actualités ».

(4) Les propositions de l’ODAS sur le sujet sont en grande partie déclinées dans l’ouvrage de son délégué général, Jean-Louis Sanchez, intitulé La promesse de l’autre – Parce qu’une société désunie est une société désarmée (éditions Les liens qui libèrent, 2013).

(5) Voir ASH n° 2814 du 14-06-13, p. 19.

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