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Le mouvement des chômeurs à la recherche d’un second souffle

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Les associations de chômeurs occupent une place unique dans l’espace social. Nées en réaction au silence général sur la condition des sans-emploi, elles concilient aides aux personnes et revendications. Alors que se déroulent les négociations sur l’assurance chômage, retour sur un mouvement qui peine aujourd’hui à mobiliser.

Si le mouvement des chômeurs est indétachable de l’apparition du chômage de masse, il a fait irruption sur la scène médiatique pendant l’hiver 1997-1998. Durant quatre mois, et contre toute attente, des milliers de demandeurs d’emploi, rejoints rapidement par des collectifs de sans-abri et de précaires, multiplient les manifestations dans une vingtaine de grandes villes françaises et de bâtiments symboliques : ANPE, Assedic, banques, grandes écoles, galeries marchandes. Leurs revendications d’une prime de Noël de 3 000 francs (457 €) et d’une revalorisation de tous les minima sociaux prennent à contre-pied une majorité plurielle tout juste issue des élections anticipées de 1997. Alors qu’on croyait impossible l’assimilation à une identité de chômeur, qui plus est collective, la mobilisation de 1997-1998 semble rebattre les cartes.

Les médias évoquent « un tremblement de terre politique » et créditent le mou­vement de 65 % d’opinion positive. Le sociologue Pierre Bourdieu voit dans cette mobilisation inédite « un miracle social ». Une historienne, Marie-Agnès Combesque, assure que « les sans-emploi, au-delà de la diversité de leur situation face au chômage, montrent qu’ils forment désormais un groupe social capable de fragiliser un gouvernement quel qu’il soit et de mettre à mal le consensus politique qui domine la scène française » (1). On connaît la suite. Le gouvernement Jospin mobilisera des fonds d’urgence pour accorder une prime de 300 francs (45 €) et le débat parlementaire qui s’engagera sur la représentation des chômeurs dans les organismes paritaires, comme les Assedic et l’Unedic, n’aboutira qu’à la création de comités de liaison plus ou moins formels entre les représentants des chômeurs et l’ANPE dans le cadre de la loi de juillet 1998 sur la lutte contre les exclusions.

BOUDÉS PAR LES SYNDICATS

Une quinzaine d’années après, le couvercle semble être retombé, « de façon d’autant plus étonnante que l’on prophétisait alors que rien ne serait plus comme avant et qu’il faudrait désormais compter dans le débat public avec tous ceux qui étaient jusque-là réduits au silence », observe Emmanuel Pierru, sociologue au centre d’études et de recherches administratives, politiques et sociales (Ceraps) de l’université de Lille-2, qui a suivi le mouvement des chômeurs pendant dix ans (2). La dernière « Grande marche pour les droits des chômeurs et des précaires », partie de plusieurs points de France au début de l’été 2013 à l’appel d’un collectif d’organisations, ne comptait que 150 marcheurs à son arrivée dans la capitale, le 6 juillet dernier…

Pour Emmanuel Pierru, un ingrédient a manqué et continue de manquer au mouvement : la reconnaissance des syndicats. « Depuis les origines, la question du chômeur est refoulée dans le syndicalisme français. Pour les confédérations de travailleurs, il n’est qu’un individu temporairement privé d’emploi. Sa place est donc dans son syndicat et nulle part ailleurs, quand bien même les périodes de chômage se sont considérablement rallongées. » En 2002, une étude de la DARES (direction de l’animation de la recherche, des études et des statistiques du ministère de l’Emploi), portant sur l’installation des comités de liaison au sein des ANPE, observait que les rares représentants syndicaux locaux qui acceptaient d’y siéger « niaient la représentativité des collectifs de chômeurs » ou, au mieux, « les considéraient comme des consommateurs de services sans velléités revendicatives ».

A la CGT, seule confédération a avoir intégré dans ses instances un comité national des « privés d’emploi » (afin d’organiser les sans-emploi en comités ou en syndicats locaux), on ne mâche pas ses mots. « Les centrales assumeront le moment venu le fait de ne pas avoir eu de sensibilité à cette question. Depuis très longtemps, le chômeur véhicule l’image caricaturale de celui qui vit aux crochets de la société. Sauf que la donne a changé. Fin 2013, on comptait près de 6 millions de demandeurs d’emploi, toutes catégories confondues », assène Alain Florin, secrétaire du syndicat CGT des privés d’emploi de Paris et membre du bureau national de la CGT.

Une syndicaliste de Pôle emploi, Nicole Allier, membre de Solidaires SUD emploi Ile-de-France, dénonce le couvercle mis sur la réalité des demandeurs d’emploi dans son institution. « Leurs associations n’ont pas plus de relations avec la direction de Pôle emploi qu’elles n’en avaient auparavant. Au mieux, les comités de liaison se tiennent. Pour le reste, le service public de l’emploi est le seul service public à n’avoir aucun représentant des usagers dans son conseil d’administration. C’est simplement scandaleux ! »

Du côté des organisations de chômeurs, on maintient la mobilisation avec la certitude d’occuper un rôle de « poil à gratter ». Après l’annonce du plan pluriannuel de lutte contre la pauvreté et pour l’inclusion sociale, le 21 janvier 2013, des militants sont par exemple allés répandre des sacs de miettes sous les fenêtres de Marie-Arlette Carlotti, ministre déléguée à la lutte contre l’exclusion, en réclamant une augmentation des minima sociaux. « Nous sommes quand même devenus un acteur reconnu du mouvement social, même s’il nous faut aller plus loin. Notre but est de faire respecter et d’élargir les droits des chômeurs », explique Virginie Gorson-Tanguy, chargée de coordination au Mouvement national des chômeurs et précaires (MNCP), une fédération de petites associations d’initiatives locales. Si l’octroi d’un revenu décent reste la base des revendications, celles-ci ont mûri. Après avoir milité pour « le fric pour vivre », les transports gratuits, le droit à l’accompagnement, les associations ont obtenu, en 2010, une relance des comités de liaison au sein de Pôle emploi, avec notamment l’installation d’un comité de liaison national permettant de remonter des propositions auprès de la direction générale de Pôle emploi.

ACTION « COUP DE POING »

Sur le terrain, une part importante de l’action s’est tournée vers l’aide d’urgence et le soutien aux chômeurs en difficulté. L’Association pour l’emploi, l’information et la solidarité (APEIS), créée en 1987 par des dissidents du Parti communiste français, s’est fait une spécialité des actions « coup de poing » dans les antennes de Pôle emploi. « On ne nous déroule pas un tapis rouge, mais il est possible, par ce moyen, de défendre des dossiers de demandeurs d’emploi. A chacune de nos interventions, beaucoup de gens viennent nous trouver pour nous exposer leur problème de trop-perçu, d’erreur sur le montant des allocations ou de radiations abusives. Nous les renvoyons alors sur nos permanences pour approfondir leur cas », explique Christine Grave, porte parole de l’APEIS.

Le MNCP fédère, quant à lui, un réseau d’une quarantaine de maisons des chômeurs et des précaires, qui associent services individualisés et actions revendicatives. Créées par des collectifs, certaines de ces structures sont de véritables ins­titutions locales, employant des travailleurs sociaux, quand d’autres s’appuient essentiellement sur un réseau bénévole. A Toulouse, l’association Avenir-Nouvelle maison des chômeurs, fondée en 2002, compte sept salariés, 23 bénévoles perma­nents, bénéficie du soutien financier de partenaires institutionnels (ville, département, région, différents ministères). Elle reçoit chaque année environ 2 500 personnes en difficulté, demandeurs d’emploi mais aussi salariés précaires, sans-papiers, retraités ou étudiants pauvres. Son credo : « faire ce que le service public ne sait pas faire, c’est-à-dire de la convivialité et des services sur mesure », explique Marie Lacoste, directrice de la maison des chômeurs et secrétaire nationale du MNCP. Chaque usager peut venir prendre un café, lire les journaux, être reçu pour exprimer ses difficultés face au service public ou parler de ses projets. Il bénéficie d’une logistique digne d’une entreprise d’insertion : accès libre à Internet, écrivain public pour rédiger un CV ou une lettre de motivation, cours d’anglais et d’informatique, possibilité de se faire domicilier pour recevoir son courrier, conseil à la création d’activités…

Cette quasi-institutionnalisation favorise le travail de défense des intérêts des demandeurs d’emploi. La direction départementale du Pôle emploi de la Haute-Garonne a, par exemple, confié à Avenir la liste des adresses électroniques de ses directeurs d’agence afin de faciliter la correspondance avec eux. Chaque réunion du comité de liaison de Pôle emploi est aussi l’occasion de faire remonter les dysfonctionnements rapportés par les usagers. « En fait, nous remplissons un peu le rôle d’un syndicat. C’est particulièrement vrai au niveau des radiations, pour lesquelles nous effectuons un gros travail tant au niveau local que national. Quand, par exemple, nous écrivons aux députés de la majorité pour leur rappeler qu’ils étaient opposés à la loi sur les radiations votée sous Nicolas Sarkozy [3], ça a du poids. »

SORTIR DE L’AIDE SOCIALE

Reste la difficulté grandissante à mobiliser les demandeurs d’emploi sur des actions collectives, sans transformer les associations en bureau d’aide sociale. Marie Lacoste se souvient encore de « l’échec cuisant » quand, en 2004, l’association Avenir s’était lancée dans la défense des chômeurs dits « recalculés ». A l’époque, 400 000 demandeurs d’emploi s’étaient retrouvés privés de leur allocation chômage du jour au lendemain par une brusque modification des règles d’indemnisation décidée par l’Unedic. Des dizaines d’avocats s’étaient mobilisés bénévolement dans toute la France pour monter des dossiers de recours avec les demandeurs d’emploi concernés. « Lorsque l’Unedic a fait marche arrière, en juin 2004, nous avons voulu organiser une petit fête en remerciement du travail accompli par les avocats sur Toulouse. Personne n’est venu… Pendant des mois, il a fallu remotiver l’équipe tant la déception était profonde. »

La raison ne tient pas seulement à un chômage vécu sur le registre de la honte, estime Emmanuel Pierru. « Lorsque les associations tentent, en conciliant actions d’assistance et actions protestataires, de convertir les demandes d’aide en une socialisation politique progressive de leurs membres, cela revient aussi à vouloir fabriquer du militantisme sur de l’urgence sociale. » Une tâche devenue quasi impossible alors que moins d’un chômeur sur deux est indemnisé.

Corinne Fiergé, responsable d’une permanence de l’APEIS, à Fontenay-sous-Bois (Val-de-Marne), s’est fait depuis longtemps une raison. Lors de la dernière manifestation nationale contre le chômage et la précarité, le 7 décembre, la section locale de l’APEIS a réuni sous sa banderole une dizaine de participants. L’année précédente, ils n’étaient que trois. Ce qui n’empêche pas la permanence de continuer, à raison de deux jours par semaine, son travail d’assistance inconditionnelle aux demandeurs d’emploi qui poussent sa porte, téléphonent ou correspondent par mail. « Certains d’entre eux nous donnent un coup de main, par exemple en se joignant aux délégations qui se rendent aux Pôles emploi pour parler au public. En revanche, il est très difficile de fédérer sur du long terme. Quand on sort du chômage, on n’a pas vraiment envie de continuer à s’investir dans une association de chômeurs », témoigne-t-elle.

« GROUPES DE PAROLE »

Pour casser cette logique de guichet, Marc Desplats, administrateur du MNCP pour l’Alsace (4), a fait le pari de ne plus recevoir les demandeurs d’emploi en difficulté dans des permanences, mais au contraire de les inviter à s’investir dans des groupes de parole : « Tout le système social français est basé sur la relation individuelle, avec le spécialiste de Pôle emploi, de la CAF, du logement. Le collectif casse cette logique en permettant l’échange d’expériences entre participants et le renfor­cement mutuel de la connaissance des droits. » Les réunions mensuelles se déroulent dans des locaux prêtés par des bourses du travail, des centres socio-culturels ou des mairies, selon un programme affiché dans les différents Pôles emploi du Bas-Rhin et du Haut-Rhin. Chacune d’entre elles est aussi l’occasion de porter le débat sur des aspects plus généraux des politiques du chômage, par exemple en commentant un texte sur la formation ou en formulant des propositions d’amélioration du service public. « Nous essayons de passer du dire ensemble au faire ensemble. Ce qui veut dire aller parfois bousculer les portes des institutions publiques avec nos revendications, mais aussi faire une sortie conviviale, aller visiter une entreprise en demandant au DRH de nous expliquer comment il recrute. » Si cet ancien syndicaliste est bien conscient de la « condescendance » des grandes confédérations vis-à-vis de telles actions, c’est pour mieux en souligner la singularité. A l’image de la mobilisation entreprise à l’occasion de la mise en place de l’allocation transitoire de solidarité (ATS) – qui remplace depuis mars 2013 l’allocation équivalent retraite. Motif : des chômeurs de 60 ans se voyaient privés de l’ATS car les Pôles emploi d’Alsace et la caisse d’assurance retraite et de la santé au travail (Carsat) refusaient de compter les trimestres travaillés en Allemagne pour les frontaliers. Cinq mois d’argumentation et de rappel du droit européen ont été nécessaires pour adoucir la position des deux organismes. « C’est aussi montrer que la société n’est pas bloquée et qu’il est possible de faire bouger les lignes collectivement », assure Marc Desplats.

Il n’empêche, les appels au plein emploi, à la réduction massive du temps de travail ou à l’indemnisation de toutes les formes de chômage, repris à chaque défilé unitaire depuis 15 ans, ne rencontrent plus que l’indifférence des pouvoirs publics et des médias. A l’association Agir ensemble contre le chômage (AC !), créée en 1994 par des syndicalistes pour réparer le vide laissé par les confédérations et fédérer les revendications à l’échelon local, on mesure la distance qui s’est installée depuis les grandes mobilisations. « La condition des chômeurs dépend de nombreux facteurs et nous n’avons pas l’assise suffisante pour jouer sur tous les leviers. Tout au plus peut-on maintenir une parole revendicative en sachant qu’elle ne sera pas entendue, simplement parce qu’il n’est plus possible de mettre des milliers de personnes dans les rues », reconnaît Alain Marcu, secrétaire d’Agir ensemble contre le chômage.

En dépit de sa vocation initiale d’être un agglomérateur des luttes locales, sans locaux en propre ni sans permanence, AC ! a elle aussi été rattrapée par le flux des demandes d’assistance. Rien que sur l’Ile-de-France, 1 500 dossiers de personnes en situation délicate avec Pôle emploi lui sont parvenus en 2013 par le canal de son site Internet, en plongeant dans l’embarras un staff réduit à quelques militants.

Faut-il alors parler d’associations devenues des supplétifs du service public de l’emploi ? Alain Marcu rejette cette idée. « Par rapport à l’ampleur des besoins et des problèmes, notre action est tout juste homéopathique. En revanche, cela nous permet d’avoir une vision du fonctionnement réel de Pôle emploi vis-à-vis de ses usagers et d’être sollicités par des com­missions de l’Assemblée nationale, du Sénat ou du Conseil économique, social et environnemental. »

« RESTER EXPERT »

De fait, les rapports qui se succèdent sur le service public de l’emploi reprennent les uns après les autres les revendications qui remontent des réseaux associatifs : refonte des règles d’indemnisation, clarification des radiations, représentation des chômeurs au plus haut niveau des instances qui les concernent (voir encadré ci-contre). En 2012, la Fédération nationale des associations d’accueil et de réinsertion sociale (FNARS) se saisissait du sujet en conviant le MNCP à son congrès annuel pour discuter d’un système unifié et universel d’indemnisation des sans-emploi, revendication majeure des associations. Pour l’heure, sans réussir à faire bouger les lignes. « Le chômage est aujourd’hui intégré comme une composante de l’économie libérale. Mais nous voyons bien que le mouvement social peut exploser d’un moment à l’autre, à la moindre étincelle de violence dans un Pôle emploi. La seule chose que l’on puisse faire, c’est de rester expert, de concentrer les revendications », résume Alain Marcu.

Les associations veulent un changement de fond

Les négociations sur une nouvelle convention d’assurance chômage sont l’occasion de nouvelles mobilisations des organisations de chômeurs, qui ont appelé à des actions unitaires à chaque journée de réunion du 28 janvier jusqu’à la clôture prévue le 13 mars (5). Parmi leurs revendications : l’arrêt des radiations, un revenu de remplacement « décent », le rétablissement du fonds social pour les chômeurs, l’ouverture du droit à l’indemnisation dès le premier jour travaillé… Mais c’est surtout une refonte totale que les organisations réclament afin de parvenir à un système unifié et universel d’indemnisation. Il s’agit de mettre fin à une situation qui conduit moins de 48 % des chômeurs à être indemnisés par l’Unedic, et renvoie les autres sur les minima sociaux (allocation de solidarité spécifique ou RSA). Dans un document adressé en octobre 2013 aux partenaires sociaux de l’Unedic, le Mouvement national des chômeurs et précaires (MNCP) propose de substituer au système actuel une allocation unique. Celle-ci serait constituée d’une partie fixe indexée sur 80 % du SMIC, « accordée tant qu’un emploi assurant un niveau de revenu équivalent n’est pas retrouvé », et d’une partie proportionnelle au dernier revenu du travail. Son financement serait assuré par un « fonds national d’indemnisation », abondé par les sommes affectées aux différents minima sociaux, ainsi que par un fonds d’entreprise alimenté par les cotisations sociales sur les salaires et par une nouvelle cotisation sur la valeur ajoutée.

Ce nouveau système de financement du chômage aurait l’avantage « de favoriser les arbitrages des entreprises en faveur de l’emploi ». En effet, en intégrant la valeur ajoutée des entreprises, il conduirait à mettre davantage à contribution les entreprises « fortement capitalistiques » que les entreprises de main-d’œuvre, assure le MNCP.

Participation au conseil d’administration de Pôle emploi : le dialogue de sourds

Actuellement, les comités de liaison représentent la seule instance permettant aux demandeurs d’emploi de faire valoir leurs revendications. Installés en 1998 dans l’indifférence des organisations syndicales et de la direction de l’ANPE, ils ont été relancés lors de la création de Pôle emploi, en 2009. Désormais, chaque département dispose d’un comité qui remonte ses préconisations au niveau régional, avant une synthèse générale assurée par un comité national de liaison présidé par le directeur général de Pôle emploi.

Présenté comme un outil de « co-construction et de co-production des réponses aux attentes des demandeurs d’emploi », le dispositif a par exemple permis d’engager un travail sur la simplification des quelque 400 documents types dont ils peuvent être destinataires. Pour autant, les organisations de chômeurs estiment l’avancée insuffisante. « Ces comités ne sauraient servir de faire-valoir à Pôle emploi », estime le Mouvement national des chômeurs et précaires (MNCP), qui réaffirme « la nécessité pour les chômeurs d’être présents dans son conseil d’administration ».

Pour l’heure, cette participation dans la plus haute instance de l’organisme public reste au point mort. Jean Bassères, directeur général de Pôle emploi, a ainsi soulevé devant une commission de l’Assemblée nationale, en décembre 2012, les problèmes de représentativité posés par l’éclatement des organisations de chômeurs. Sollicitée par les ASH, la direction de Pôle emploi évoque en outre « des risques de rupture dans l’équilibre du dialogue social au sein du conseil d’administration en raison de la spécificité de la CGT, qui siègerait alors comme partenaire social et porte-parole des collectifs de sans-emploi », et ajoute que « cette participation viderait les comités de liaison de leur substance. »

Notes

(1) Ça suffit ! : histoire du mouvement des chômeurs – Marie-Agnès Combesque – Ed. Plon, 1998.

(2) Emmanuel Pierru est notamment l’auteur de Guerre aux chômeurs ou guerre au chômage (éditions du Croquant, 2005).

(3) Loi du 1er août 2008 relative aux droits et aux devoirs des demandeurs d’emploi.

(4) Marc Desplats a également été président du MNCP jusqu’en 2012.

(5) A l’appel des organisations : AC !, APEIS, MNCP, CIP-IdF, Recours radiations et des syndicats Solidaires SUD Emploi, SUD Culture Solidaires, FSU/SNU Pôle emploi.

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