L’accueil et l’insertion des enfants venus d’ailleurs peuvent poser question aux professionnels de l’éducation, du social et de la santé. Pour aider ces enfants de migrants, il importe de ne pas les juger à l’aune des enfants d’ici, en les soumettant par exemple à des tests psychologiques inadaptés qui les relégueraient, sans fondement, dans des classes spécialisées, expliquent Claude Mesmin, psychologue ethnoclinicienne, maître de conférences à l’université Paris-8, et Philippe Wallon, psychiatre, coordinateurs de cet ouvrage collectif. Il s’agit aussi de ne pas uniquement voir les « ENA » – ou enfants nouvellement arrivés en France, selon la terminologie de l’Education nationale – au travers de leurs caractéristiques culturelles, au risque de les marginaliser. Exposant leur pratique, plusieurs contributeurs montrent comment ils naviguent entre ces deux écueils. A cet égard, l’utilisation de « médiateurs, porteurs de la traduction des langues, donc de pensées différentes », se révèle indispensable, souligne Isabelle Broué, pédiatre dans un centre de PMI et un hôpital de la région parisienne. Ces interprètes qui donnent à appréhender un système différent de représentations du monde peuvent dénouer des situations bloquées ou difficiles en faisant percevoir aux praticiens « l’invalidité de certains [de leurs] implicites », note le docteur Broué. A contrario, l’évocation du monde culturel d’origine ne fait pas sens pour les enfants adoptés à l’étranger. Bien qu’ayant, eux aussi, une expérience de la migration, ces derniers présentent une problématique tout à fait singulière, développe Sandrine Dekens, psychothérapeute.
Regards croisés sur les familles venues d’ailleurs. Prise en charge thérapeutique des enfants
Sous la direction de Claude Mesmin et Philippe Wallon – Ed. Fabert – 25 €