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Aptes pour la vie

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Les corps « cabossés », comme les autres, ont besoin d’affection et aspirent à des plaisirs partagés. Trop souvent, la solitude leur est imposée car, de fait, la déficience physique fait barrage à la découverte de son propre corps ou celui de l’être aimé. En faisant découvrir des vies de personnes handicapées qui « n’ont pas accepté de subir », le livre photo Corps et âmes prouve le contraire. « Parce que l’inaptitude physique n’engendre pas une inaptitude pour la vie », Jean-Baptiste Laissard, photographe, est allé à la rencontre d’une multitude de personnes atteintes de handicaps divers et qui, toutes, témoignent de leurs aspirations amoureuses, de leurs réflexions, de leurs résignations aussi. Parmi elles, beaucoup de femmes, qui abordent l’importance et la place de leur entourage amical, de la famille, du couple. Ou bien qui parlent du désir d’enfant. Souvent condamnées à une forme d’infantilisation à perpétuité, ces personnes handicapées proposent une réflexion sur leur féminité, les obstacles à son acquisition mais aussi sur son épanouissement. Marie-Laure, 43 ans, le résume clairement : « Ma mère ne me verrait pas avec un homme. Quand elle me voit plaisanter, boire un verre, voire flirter avec un garçon, je la sens mal à l’aise, car pour elle, je ne suis pas vraiment une femme adulte. » D’autres témoins ont réussi à construire une famille et affirment être « des parents comme les autres ». Tous ont laissé le photographe les immortaliser chez eux, avec leur conjoint parfois, et même, pour certains, dans des moments d’intimité – avec respect, pudeur et… beaucoup d’humour. Au fil des pages, Corps et âmes propose aussi une rencontre avec des professionnels du soin et de l’aide, comme cette auxiliaire de vie sociale qui évoque sa relation au corps des adultes aidés. Certains lui parlent de leur sexualité ou tombent amoureux d’elle… Enfin, comme un pied de nez aux calendriers des rugbymen, les membres d’un club de foot-fauteuil proposent, avec un décalage assumé, une galerie de portraits qui invite à repenser les canons. Il y a trois ans, Jean-Baptiste Laissard, ancien auxiliaire de vie sociale, présentait dans son ouvrage Vies en roue libre(1) un premier regard sur le handicap, dans lequel Gilles, Alexandre, François et les autres, tous handicapés moteurs, présentaient la « normalité » de leur quotidien. Aujourd’hui, dans ce recueil original et personnel – le photographe n’hésite pas à y prendre position – , il montre la normalité des couples qui s’aiment.

Corps et âmes

Jean-Baptiste Laissard, avec l’association Y’a pas photo – 20 € sur www.yapasphoto-asso.com (1 € reversé à la Fondation hospitalière Sainte-Marie) – Photos disponibles sous forme d’exposition – Contact : jblaissard.photo@free.fr

Notes

(1) Voir ASH n° 2679 du 22-10-10, p. 43.

Culture

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