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Les choses comme elles sont

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Après vingt ans de carrière, le photographe Mathieu Pernot a décidé de faire « un bilan d’étape », un voyage à travers son œuvre, qu’il présente dans La traversée au musée du Jeu de paume, à Paris. Comme fil rouge, on trouve Giovanni. Ce petit garçon rom, immortalisé par un Photomaton au milieu des années 1990, grandira sous son objectif. Parfois par hasard, comme lorsque Mathieu Pernot s’intéresse aux « hurleurs », ces proches de détenus qui communiquent depuis l’extérieur des prisons, dont Giovanni fait partie. On le retrouvera à nouveau des années plus tard, en 2013, auprès de ses propres enfants, toujours entouré de sa communauté.

Mais La traversée n’est pas que l’histoire de Giovanni. C’est aussi celle de ces migrants afghans endormis dans le square Villemin, à Paris, où beaucoup avaient trouvé refuge après la destruction de la « Jungle » de Calais, en 2009. Ces corps que l’on croit morts, alors que ces hommes font tout pour survivre (1). La traversée, ce sont aussi ces nomades internés au camp de Saliers durant l’Occupation. Plus d’un demi-siècle plus tard, Mathieu Pernot les a cherchés, retrouvés, photographiés, leurs portraits ridés jouxtant leurs carnets anthropométriques de l’époque. Dans la rétrospective, également, des cours de promenade de quartiers d’isolement pénitentiaires, des barres d’immeubles dynamitées. Ni misérabilisme ni victimisation, simplement des faits. « Je montre les choses telles qu’elles sont. Je n’ai jamais pensé que ça allait changer la situation des gens que je photographie », lâche le photographe. La scénographie de l’exposition est un régal, limpide et pleine de sens. Jusqu’à l’apothéose, avec la série « Le feu », où la photo d’une caravane incendiée fait face aux visages éclairés de la communauté qui a décidé de la réduire en cendres. La communauté de Giovanni.

La traversée

Mathieu Pernot – Jusqu’au 18 mai au Jeu de paume – 1, place de la Concorde, Paris VIIIe – 8,50 € – Le photographe présente également ses clichés de l’hôpital psychiatrique de Picauville, jusqu’au 11 mai, à la Maison rouge – 10, bd de la Bastille, Paris XIIe – 8 €

Notes

(1) Voir ASH n° 2794 du 25-01-13, p. 28.

Culture

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