Présenté le 4 février par le président de la République (1), le troisième plan « cancer » suscite des réactions contrastées. La Fédération des établissements hospitaliers et d’aide à la personne (FEHAP) salue « la vision globale qui prend pleinement en compte les nouvelles formes sociales et culturelles des inégalités de santé ». Elle se félicite de la mesure visant à élaborer des « solutions nouvelles pour l’accès aux molécules onéreuses pour les patients en soins de suite et de réadaptation, les personnes âgées en maison de retraite ou les personnes handicapées en maison d’accueil spécialisée ». La Fédération hospitalière de France (FHF) se réjouit de « l’importance accordée à la réduction des inégalités dans l’accès aux filières de soins » (2). Elle doute néanmoins que les mesures annoncées permettent de réduire les restes à charge des malades et réclame « qu’aucun dépassement d’honoraire non remboursé ne soit plus permis pour les personnes atteintes d’un cancer », explique Cédric Lussiez, chargé de la communication à la fédération.
« Rien sur l’accompagnement des malades en matière sociale ! », s’insurge de son côté la CLCV (Consommation, logement et cadre de vie), qui rappelle que les patients doivent souvent « faire eux-mêmes et sans aide de nombreuses démarches ». Elle déplore également l’impasse faite sur le rôle des associations d’usagers de malades. Concernant le « droit à l’oubli » qu’instaure le plan – délai au-delà duquel les demandeurs d’assurance ayant eu un antécédent de cancer n’auront plus à le déclarer –, il « n’est aucunement défini », regrette la CLCV. Le CISS (Collectif interassociatif sur la santé) rappelle qu’il existe déjà une limitation dans le temps pour les questionnaires de santé dans le cadre de la convention « AERAS » (s’assurer et emprunter avec un risque aggravé de santé), notamment en ce qui concerne la déclaration des affections de longue durée (limitée à 15 ans) et la déclaration des arrêts de travail supérieurs à un mois ainsi que celle des traitements de plus de 21 jours (limitée à 10 ans). « Le droit à l’oubli envisagé signifie-t-il de limiter davantage ces délais pour les seuls cancers ? », s’interroge le collectif.
La Fédération Addiction s’étonne de l’accent mis sur la prévention du tabagisme alors que les crédits destinés à la prévention en matière de santé sont à la baisse. « Alors qu’on a appris en décembre que, après trois années de baisse, les budgets alloués à la prévention dans le cadre de la loi de finances pour 2014 étaient encore rabotés de près de 12 %, on nous dit aujourd’hui que la prévention contre le tabagisme est une priorité, il y a une contradiction ! », déplore Georges Martinho, adjoint à la déléguée générale de la fédération. Rappelant que la prévention fait partie des missions des centres de soins, d’accompagnement et de prévention en addictologie (CSAPA), il réclame que les moyens de ces structures soient renforcés et qu’elles perçoivent l’ensemble des crédits destinés à prévenir les risques liés à l’addiction, « actuellement éparpillés entre de multiples financeurs (agences régionales de santé, MILDT, collectivités, Education nationale…) ».
Enfin, France Alzheimer saisit l’occasion de l’annonce du plan « cancer » pour rappeler qu’elle attend toujours le quatrième plan « Alzheimer » (3). « Les familles qui font face à la maladie d’Alzheimer doivent-elles comprendre que les logiques politiques impliquent une hiérarchisation des pathologies ? »
(1) Voir ASH n° 2846 du 7-02-14, p. 8.
(2) Pour prévenir les inégalités sociales du cancer, la FNATH (L’association des accidentés de la vie) lance un site Internet pour informer les travailleurs d’origine étrangère des risques de cancers d’origine professionnelle. En huit langues (albanais, anglais, chinois, espagnol, français, italien, polonais, portugais), le site
(3) Le troisième plan s’est achevé en septembre 2012 – Voir ASH n° 2825 du 20-09-13, p. 24.