« Entre 2008 et 2011, seuls 55 % des seniors sont passés directement de l’emploi à la retraite. Les autres ont connu à la fin de leur carrière des périodes de non-emploi, souvent de longue durée. » Tel est le constat d’un rapport de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) sur le vieillissement et les politiques de l’emploi en France (1). Son directeur de l’emploi, du travail et des affaires sociales, Stefano Scarpetta, encourage donc le gouvernement et les partenaires sociaux à « définir des objectifs plus ambitieux pour permettre à un nombre croissant de seniors de retrouver ou de garder un emploi de qualité avant d’avoir accès à une retraite à taux plein », une action indispensable selon lui pour « relancer la croissance et assurer l’équilibre financier des systèmes de retraites ».
Même s’il a progressé ces dernières décennies, le taux d’emploi des seniors (2) reste bas et en dessous des moyennes internationales, note le rapport. En 2012, 44,5 % des 55-64 ans étaient en emploi : 67,1 % des 55-60 ans et 27,7 % des 60-64 ans (soit un taux presque doublé en dix ans). De plus, seulement 6 % des 65-69 ans occupaient à cette date un emploi. Si « la progression de l’emploi des seniors au cours de la dernière décennie peut être attribuée en grande partie aux politiques publiques mises en œuvre pour renforcer les incitations à la poursuite du travail après l’âge de 50 ans », relève l’organisme, avec la crise financière mondiale, « de nombreux seniors ont perdu leur emploi et se sont retrouvés durablement au chômage ». De plus, poursuit l’OCDE, « depuis fin 2008, il y a une surreprésentation des seniors parmi les travailleurs qui ont quitté volontairement leur entreprise suite à une rupture […] conventionnelle et qui bénéficient des allocations d’assurance chômage ». Dans tous les cas, si l’offre de travail ne progresse pas pour les seniors, il existe, selon lui, un risque d’accroître la précarité des personnes en fin de carrière avant leur départ à la retraite.
L’OCDE encourage donc le gouvernement à agir à la fois sur l’offre et la demande d’emploi selon trois axes : « renforcer les incitations pour travailler plus longtemps », « lever les obstacles au recrutement et au maintien dans l’emploi des seniors » et « améliorer l’employabilité des travailleurs seniors ». Notamment, afin de rendre moins attractive pour le salarié et l’employeur la rupture conventionnelle en fin de carrière et éviter les situations de préretraites « déguisées », l’organisme invite les partenaires sociaux à « aligner l’indemnisation [chômage] des seniors sur celle des moins de 50 ans » (3) et à « mieux activer les dépenses d’assurance chômage pour les demandeurs d’emploi âgés », dans le cadre de la négociation de la prochaine convention d’assurance chômage (4). Dans cette optique, il propose de « supprimer progressivement la filière spécifique d’indemnisation de l’assurance chômage pour les 50 ans et plus et le maintien de l’allocation après 61 ans » ou « au minimum en 2014 [de] relever l’âge d’accès à une indemnisation plus longue (par exemple à 62 ans) ». « Et dans tous les cas, [de] renforcer les aides au retour à l’emploi pour les seniors. » Parallèlement, le gouvernement devrait, selon l’OCDE, « mieux activer les systèmes de solidarité et d’aide sociale pour les chômeurs âgés pour éviter leur désinsertion sociale ».
(1) Mieux travailler avec l’âge – Janvier 2014 – Disp. sur
(2) Selon l’INSEE, le taux d’emploi d’une classe d’individus est calculé en rapportant le nombre d’individus de la classe ayant un emploi au nombre total d’individus dans la classe.
(3) La durée maximale d’indemnisation est de deux ans pour les moins de 50 ans, trois ans pour les chômeurs dès 50 ans et sept ans à partir de 58 ans.
(4) Voir ASH n° 2844 du 24-01-14, p. 6.