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La plus vieille violence du monde

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« En tant que prostituée, j’ai autorisé des hommes à me violer plusieurs fois par jour. » La violence, la soumission, c’est ce que Rosen Hicher retient de ses vingt-deux années de prostitution dans un bar à hôtesses. « J’étais une machine », résume-t-elle. Alors les discours des associations qui défendent la liberté de se prostituer, garantie par le droit à disposer de son corps, elle ne les comprend pas. Avec Laurence Noëlle, également victime de la prostitution – alors qu’elle était mineure (1) –, elle est à l’origine de la branche française du Mouvement des survivantes. Toutes deux témoignent dans des colloques et interviennent dans les écoles de travailleurs sociaux ou dans les prisons, car il faut « oser sortir de la honte et du silence ». Leurs récits intimes contredisent les fantasmes sur ce que l’on dit être le « plus vieux métier du monde ». Rosen et Laurence parlent aussi de la drogue et de l’alcool, qui les ont aidées à tenir le coup. Dans ce documentaire – filmé plusieurs mois avant l’adoption, en première lecture, de la proposition de loi renforçant la lutte contre le système prostitutionnel (2) –, le réalisateur Hubert Dubois a suivi ces deux femmes dans leur nouvelle vie. Et notamment lors de leurs rencontres avec des politiques – Maud Olivier et Catherine Coutelle, rapporteures de la loi, Najat Vallaud-Belkacem, ministre des Droits des femmes, Danielle Bousquet, présidente du Haut Conseil à l’égalité entre les femmes et les hommes – pour faire entendre leur point de vue. « Il faut faire connaître la réalité de la prostitution et de sa violence, affirme Laurence Noëlle, qui se considérait comme une morte-vivante quand elle couchait « avec 30 clients par nuit ». « L’amour, ça ne s’achète pas ! », clame-t-elle aujourd’hui, confiante que la loi fera avancer les choses. Rosen Hicher est aussi une optimiste, qui croit au changement des mentalités. « Quand je parle aux jeunes gens, je vois qu’ils se rendent compte que l’on vit dans un système archaïque. Je suis persuadée qu’à l’avenir il y aura de moins en moins d’hommes qui souhaiteront “acheter un corps”. » Diffusé sur LCP, le reportage sera suivi d’un débat.

Survivantes de la prostitution Hubert Dubois – 52 min – Sur LCP-Assemblée nationale, le dimanche 9 février à 20 h 30

Notes

(1) Laurence Noëlle a raconté son parcours dans le livre Renaître de ses hontes – Voir ASH n° 2828 du 11-10-13, p. 34.

(2) Voir ASH n° 2837 du 13-12-13, p. 5 et 18.

Culture

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