Reconnus pour leur utilité sociale par la loi 2002-2 qui les a légitimés, les lieux de vie et d’accueil (LVA) sont des microstructures animées par deux à cinq permanents, qui proposent habitat communautaire et activités variées à de très petits effectifs d’enfants, d’adolescents ou d’adultes en difficulté. Retraçant l’histoire de cette « sorte de coup de force spontané » apparu au cours des années 1970, Jean-Luc Minart, éducateur spécialisé et formateur, décortique les tours de main et ingrédients – au premier rang desquels le « vivre avec » – qui ont permis à cette innovation sociale de prospérer tout en conservant sa singularité. Oui, mais aujourd’hui « les signes sont nombreux d’une mise à mal de la spécificité des LVA et des qualités qui en faisaient les raisons d’exister ». Il est vrai qu’une grande partie des créateurs de nouveaux LVA n’a pas bénéficié de la transmission de la génération précédente et ignore les intuitions et les valeurs qui l’ont irriguée. Cependant, Jean-Luc Minart n’est pas de ceux qui considèrent que, les LVA « canal historique » étant morts, il ne reste plus qu’à aller dans le sens du mouvement de normalisation en cours. Lui plaide au contraire pour « réhabiliter l’utopie » – non pas ce qui n’existe en aucun lieu, mais ce rêve porté par les accueillants qui est l’énergie de l’accompagnement et du soin. Que vaut-il mieux, interroge le formateur – pour la forme : « le monde comme il va avec de belles idées de changement, de rébellion, d’émancipation […], ou le monde comme il va avec une pensée conforme, horizontale, simplifiée, clonée, asservie, vulgaire ? »
Lieux de vie et d’accueil. Réhabiliter l’utopie
Jean-Luc Minart – Ed. érès – 14 €