Les annonces de Marie-Arlette Carlotti visant le renforcement de la lutte contre la maltraitance dans les établissements médico-sociaux (voir ce numéro, page 11) – et qui interviennent après la diffusion, le 19 janvier, d’un reportage dans l’émission Zone interdite sur M6 – sont plutôt bien accueillies par les associations. Néanmoins, pour ces dernières, la ministre élude la question des moyens. Pour l’Unapei (Union nationale des associations de parents, de personnes handicapées mentales et de leurs amis), la ministre ne s’attaque pas « au problème de fond qu’est l’insuffisance du nombre de places ». De son côté, la Fegapei (Fédération nationale des associations gestionnaires au service des personnes handicapées et fragiles) rappelle que la qualité de l’accompagnement est « étroitement liée aux marges financières » de plus en plus restreintes dont disposent les établissements. Enfin, l’Association des paralysés de France (APF) note que le secteur médico-social « subit de plein fouet la rigueur et la recherche systématique d’économies » et que l’enjeu, en matière de bientraitance, « réside avant tout dans l’écoute et la disponibilité auprès des usagers, qui se traduit notamment en moyens et en temps ».
Pour développer « une prévention efficace », l’APF met en avant plusieurs leviers. Elle souhaite que le dispositif de traitement des plaintes soit amélioré. Il s’agit notamment de l’action de médiation que peuvent mettre en place les « personnes qualifiées ». Depuis la loi 2002-2, ces personnes doivent, dans chaque département, recevoir les demandes des usagers qui souhaitent faire valoir leurs droits. « Ce dispositif ne fonctionne pas car ces personnes qualifiées ne sont souvent pas nommées [1]. Or elles devraient permettre aux usagers de formuler une plainte et d’organiser une médiation afin de dénouer des situations », explique Linda Aouar, directrice juridique à l’Association des paralysés de France. D’une manière générale, il faut « une meilleure prise en compte de la parole des personnes handicapées », pointe-t-elle. L’association souhaite aussi améliorer la formation des professionnels et suggère qu’un module « bientraitance » soit intégré à la formation des directeurs. Enfin, elle met en avant la nécessité d’organiser « des lieux de vie à dimension humaine ». « L’agencement des locaux, l’absence de chambre individuelle par exemple, peut être un obstacle à la qualité de la bientraitance », précise Linda Aouar.
(1) D’après une enquête menée par Laurent Giroux, consultant évaluateur externe, seuls 21 départements sur les 57 qu’il a interrogés peuvent fournir une liste de « personnes qualifiées » – Voir ASH n° 2793 du 18-01-13, p. 15.