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Une enquête se penche sur la santé au travail dans les CHRS

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Pour la première fois, les salariés relevant des accords CHRS ont été interrogés sur leurs conditions de travail. La commission nationale paritaire technique de prévoyance souhaite identifier des leviers d’action contre les risques psychosociaux.

La démarche est présentée comme inédite dans le secteur : début 2013, la commission nationale paritaire technique de prévoyance (CNPTP) instituée dans le cadre des accords collectifs applicables dans les CHRS (centres d’hébergement et de réinsertion sociale) a lancé une enquête sur la santé au travail et les risques psychosociaux. Pour déterminer les causes de la dégradation des comptes de résultats du régime de prévoyance et de complémentaire santé, elle a confié à un cabinet de conseil la réalisation d’une étude menée auprès des quelque 10 000 salariés relevant des accords CHRS (signés, côté employeurs, par le Syneas), complétée par une enquête qualitative dans six structures.

Etat des lieux

Avant que Chorum ne publie, le 3 février, son premier baromètre sur la qualité de vie au travail dans l’économie sociale et solidaire, la commission a dévoilé ses premiers résultats (1). Ceux-ci doivent encore être exploités afin de déboucher sur un plan d’action. « Au lieu d’avoir une réponse gestionnaire à l’augmentation et à l’allongement de la durée des arrêts de travail, nous avons voulu prendre à bras-le-corps cette question et disposer d’un état des lieux des conditions de travail dans les CHRS », explique Bertrand Laisné, président de la CNPTP et secrétaire fédéral à la CFDT Santé-sociaux. « Les résultats devront être croisés avec ceux de l’enquête emploi de l’OPCA Unifaf pour analyser les leviers de la promotion de la santé au travail », ajoute Olivier Candellier, responsable des ressources humaines au Syneas et négociateur pour les accords CHRS.

Près de 70 % des salariés interrogés disent être satisfaits de leurs conditions de travail. Parmi les contraintes évoquées : le respect de certains délais obligatoires (76 %) et les emplois du temps parfois (55 %) ou souvent (20 %) modifiés au dernier moment. Malgré des difficultés en termes de communication ou d’accompagnement des changements (56 % des répondants déclarent être consultés avant la mise en place de nouveaux projets), les collectifs de travail semblent plutôt bien fonctionner : 77 % des répondants déclarent être soutenus par leur responsable et 80 % par leurs collègues. Si certains établissements mettent en place des temps collectifs comme le partage d’expériences, 15 % des répondants disent ne pas pouvoir aborder leurs difficultés au travail. Les relations aux usagers sont source de difficultés, surtout en cas d’isolement du salarié. Près d’un sur deux ne sait pas s’il existe une procédure en cas de situation à risque. L’étude souligne néanmoins que « des mesures de prévention en termes d’organisation (renforcement du travail en binôme, prise de relais par un collègue, présence de la direction à certains entretiens…) ont été mises en place dans certains établissements… ».

Risque de turnover

Les situations vécues par les usagers ont, par ailleurs, une incidence négative pour 25 % des salariés interrogés. 78 % déclarent « cacher leurs émotions ou faire semblant d’être de bonne humeur ». Qu’en est-il du sentiment d’usure professionnelle ? L’étude relève que seulement 44 % « se sentent capables d’exercer leur métier jusqu’à la retraite » et évoque des risques de turnover élevé et de pertes de compétences. Seuls 13 % pensent avoir de bonnes perspectives d’évolution professionnelle (essentiellement parmi l’encadrement), les professionnels en contact avec les usagers ayant le plus de mal à « se projeter dans l’avenir ». La grande majorité (80 %) juge être suffisamment formés pour les missions qui leur sont confiées. Mais les résultats mettent en évidence « le besoin de formation des personnels techniques, médicaux ou des fonctions support afin de mieux appréhender la relation aux usagers ».

Leur engagement auprès des populations fragilisées est une source de reconnaissance pour les professionnels. L’évolution des besoins et les contraintes budgétaires (70 % s’inquiètent de la santé financière de leur structure) génèrent cependant « un sentiment d’impuissance fort » et un conflit de valeurs. Si 98 % des répondants estiment que leur travail est utile, un quart dit être souvent confronté à une absence de solution, en cas de fin ou de refus de prise en charge notamment. Par ailleurs, « 40 % des personnes interrogées déclarent recevoir des consignes contradictoires ».

Quelles suites ?

La moitié des répondants jugent leur salaire adapté à leur niveau de formation, mais nettement moins (40 %) considèrent qu’il l’est à leurs missions. Au final, conclut le cabinet, « l’enquête a permis de mettre en lumière deux grands types de facteurs de risques psychosociaux » liés au fonctionnement des structures et aux politiques publiques et budgétaires. Reste à savoir comment la commission paritaire va donner suite à ce travail. Elle pourrait préconiser la diffusion d’un document de sensibilisation et de bonnes pratiques à destination des instances représentatives du personnel, des salariés et des directeurs, ou encore saisir la commission de négociation sur des sujets plus sensibles, comme la rénovation des classifications, « un dossier en sommeil », précise Bertrand Laisné, cette fois sous sa casquette syndicale. En tout état de cause, alors que l’Unifed est en train de négocier un accord sur la santé au travail, « les CHRS seront déjà en ordre de marche », fait valoir Olivier Candellier.

Notes

(1) La synthèse de l’étude est disponible sur le site www.syneas.fr.

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