Quels sont, pour les personnes rencontrant des difficultés particulières d’accès à l’emploi, les « déterminants » de l’entrée en contrat aidé ? La direction de l’animation de la recherche, des études et des statistiques (DARES) a conduit, de fin 2008 à fin 2009, une enquête sur le sujet auprès d’un panel composé de bénéficiaires mais aussi de « témoins » a priori éligibles aux contrats aidés mais qui n’en ont pas bénéficié sur la période considérée. Elle en publie aujourd’hui les résultats (1).
L’entrée en contrat aidé dépend de plusieurs facteurs, précise d’emblée la DARES : un choix du demandeur d’emploi d’intégrer ou non le dispositif compte tenu de la connaissance qu’il en a et des avantages et des inconvénients qu’il anticipe, une orientation par le prescripteur qui propose ou non un contrat aidé en fonction des critères d’éligibilité et du volume de contrats aidés disponibles localement, ainsi qu’une sélection par l’employeur qui décide ou non de recruter un demandeur d’emploi en contrat aidé.
Parmi les constats dressés par l’étude, on retiendra notamment que, par rapport aux demandeurs d’emploi éligibles qui ne sont pas entrés en contrat aidé, ceux qui ont été recrutés :
→ voulaient plus souvent « travailler à tout prix » lorsqu’ils se sont inscrits à l’ANPE (aujourd’hui Pôle emploi) ;
→ étaient davantage soutenus dans leur recherche d’emploi par l’ANPE ; « les demandeurs d’emploi ayant des relations distendues avec le service public de l’emploi bénéficient moins souvent des propositions de contrat aidé », indique ainsi la DARES ;
→ avaient eu plus souvent des parcours antérieurs marqués par le chômage (autrement dit, les bénéficiaires des contrats aidés sont plus éloignés du marché du travail que les non-bénéficiaires).
Autre constat marquant : peu de demandeurs d’emploi refusent un tel contrat. Ainsi, le fait que, au moment de l’enquête, la plupart des demandeurs d’emploi n’étaient pas entrés en contrat aidé (2) « semble bien plus lié à une absence de proposition de la part du service public de l’emploi qu’à un refus de leur part ou à une moindre connaissance des dispositifs ou de leurs conditions d’éligibilité ». De manière générale, le regard porté sur le dispositif est d’ailleurs « plutôt favorable » : « 67 % des enquêtés considèrent qu’un contrat aidé permet de retrouver un emploi ordinaire non aidé. »
La DARES s’est également arrêtée plus particulièrement sur les motivations des bénéficiaires, pour constater que l’entrée en contrat aidé se révèle souvent « un choix par défaut ». Quelle que soit la raison principale qui les a conduits à accepter de signer un contrat aidé, « 86 % des bénéficiaires indiquent ne pas avoir reçu d’autres propositions d’embauche au moment d’entrer dans le dispositif ». Les motivations professionnelles ne sont toutefois pas absentes des déclarations des enquêtés : « 20 % des bénéficiaires d’un CAE [contrat d’accompagnement dans l’emploi] ou d’un contrat d’avenir et un peu plus de 25 % de ceux entrés en CIE [contrat initiative emploi] ou CI-RMA [contrat d’insertion-revenu minimum d’activité] ont accepté le contrat aidé parce que l’emploi correspondait à ce qu’ils cherchaient. »
(1) « Les déterminants de l’entrée en contrat aidé » – DARES Analyses n° 004 – Janvier 2014.
(2) Selon la DARES, sur les 870?000 demandeurs d’emploi qui se sont inscrits à l’ANPE en catégorie A, B ou C au deuxième trimestre 2005, environ 50 000 – soit près de 6 % – ont été recrutés pour la première fois dans l’un des quatre contrats aidés qui existaient alors au cours des deux ans suivant leur inscription.