Fruit de travaux rassemblés par l’Association provençale pour la recherche en histoire du travail social (Aprehts), voici un maître-livre d’histoire et d’histoires. Histoire du travail social et de la société qu’il reflète – à chaque époque, sa conception de la solidarité et ses intervenants pour la mettre en œuvre. Histoires de thématiques (la dignité, la « pratique » professionnelle, l’enquête sociale ou la coordination), histoires d’institutions et d’acteurs – ou plutôt d’actrices, femmes d’action et de conviction qui témoignent ou dont on évoque la mémoire. De fait, s’inscrivant dans la lignée d’Yvonne Knibiehler, spécialiste de l’histoire des femmes, qui brosse ici un rapide « survol de l’histoire du service social » au XXe siècle, l’Aprehts donne essentiellement la parole à celles (et ceux) qui ont écrit l’histoire du travail social en le pratiquant. Depuis le début des années 1980, « les travailleurs sociaux ont vu ressurgir des mots, des problématiques sociales, des pratiques qu’ils croyaient enfouis dans un lointain passé », notent Paul Allard, professeur d’histoire à Aix-Marseille Université, et Henri Pascal, sociologue. Ainsi, les « pauvres » ont repris du service dans le vocabulaire de l’action sociale, cependant que « le vagabondage, y compris des jeunes, est revenu sous l’étiquette de l’errance », soulignent-ils. Cette résurgence contribuerait à expliquer le regain d’intérêt pour l’histoire du travail social et socio-éducatif. Pour autant, l’héritage n’est pas reproduction, et l’attrait des recherches présentées est bien de remettre en perspective les évolutions successives.
Institutions, acteurs et pratiques dans l’histoire du travail social
Association provençale pour la recherche en histoire du travail social – Ed. Presses de l’EHESP – 26 €