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Lutte contre le sida : dans le rouge, les associations dénoncent un désengagement de la prévention

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Depuis trois ans, les associations de lutte contre le sida dénoncent une baisse de leurs subsides. Alors que, selon l’Institut de veille sanitaire, plus de 6 000 personnes ont découvert leur séropositivité en 2012, ce mauvais vent fragilise, cette fois, fortement les acteurs historiques de la prévention et du soutien aux malades. Le 17 décembre dernier, la direction générale de AIDES a annoncé un plan de sauvegarde de l’emploi qui devrait se solder, d’ici à fin mars, par la suppression de 65 postes sur 460, parmi les fonctions « support ». Une situation toutefois analysée différemment selon les dirigeants et les salariés.

Tandis que la direction générale pointe « le désengagement progressif de l’Etat » dans le financement d’actions qui relèvent pourtant d’une mission de santé publique, une intersyndicale, composée de la CFDT Santé-sociaux, de la CGT, de FO-Snepat (Syndicat national de l’éducation permanente, de la formation, de l’animation, de l’hébergement, du sport et du tourisme) et de SUD Santé-sociaux, estime que les difficultés sont « moins le résultat d’une baisse des financements publics que les conséquences d’une gestion calamiteuse ». Les syndicats reprochent une série de manquements et d’erreurs, notamment le financement du dépistage rapide en partie sur les fonds propres de AIDES et le transfert de deux millions d’euros vers Coalition plus, une association internationale créée en 2008 à l’initiative de quatre associations, dont AIDES en France. Ils soulignent que les ressources globales de l’association (collecte de fonds privés comprise) augmentent – « de 36,8 millions d’euros en 2009 à 40,6 millions d’euros en 2012 ».

Certes, les financements publics de l’association restent quasiment stables, rétorque Alain Legrand, directeur général délégué d’AIDES. Mais au sein de cette enveloppe, « nos subventions pour les actions de prévention et de dépistage sont passées de 10 millions d’euros en 2010 à 8,5 millions en 2013. Contrairement aux engagements de l’Etat, le dépistage rapide est largement sous-financé. Devions-nous cesser cette action parce qu’elle est déficitaire ? En revanche, les financements médico-sociaux augmentent, notamment pour les Caarud [centres d’accueil et d’accompagnement à la réduction des risques pour usagers de drogues] et les appartements de coordination thérapeutique. Mais ils ne sont pas fongibles. » Pas plus, argumente-t-il, que les fonds attribués à Coalition plus, qui « proviennent de la partie – qui n’a pas évolué – de la collecte affectée au programme international ».

Baisse des moyens

Pour la direction de AIDES, les associations n’ont plus les moyens d’assumer des actions affichées comme prioritaires par le gouvernement. « Nous sommes passés de 3 000 tests rapides en 2011 à 40 000 en 2013 et [avons] une prévision de 55 000 en 2014, précise Alain Legrand. Avec un taux de découverte de 1 %, soit supérieur à celui des dispositifs classiques. Mais pour Bercy, la prévention sanitaire a toujours été la variable d’ajustement ! »

Le constat est partagé à Act Up, qui a également perdu plusieurs postes depuis 2011. Pour éviter la cessation de paiement, sept salariés sur la dizaine que compte l’association sont en chômage partiel en janvier. Ses réunions et bulletins d’information sont suspendus. « Nous avons en 2013 perdu 100 000 € par rapport à notre budget de 875 000 € en 2012, explique Ludovic Chéné, responsable de l’administration technique et financière. Nous faisons face à la baisse des moyens de Sidaction pour le soutien aux associations, à la diminution des financements privés et aux désengagements des pouvoirs publics sur les conventions pluriannuelles. Difficile d’avoir des projets sur la durée sans soutien sur plusieurs années ! » Act Up évoque la fermeture ou la réduction de l’activité de plusieurs autres associations et réclame des réponses à la hauteur de l’épidémie. Elle prévoit, en février prochain, une « assemblée générale du financement de la lutte contre le sida », à laquelle seront invités les associations et leurs partenaires. « La seule annonce faite par la ministre de la Santé à l’occasion de la journée mondiale du 1er décembre a été la réduction de la TVA sur les préservatifs, s’étonne Ludovic Chéné. Pas un seul mot pour les malades ! Les arbitrages ne se font pas sur des objectifs de démocratie sanitaire, mais sur des choix financiers. »

« Crise économique »

A la direction générale de la santé, on confirme que le montant des dépenses au titre de la lutte contre le VIH/sida, les infections sexuellement transmissibles et les hépatites est passé « de 6,95 millions d’euros en autorisation d’engagement en 2010 à 6,53 millions d’euros en 2013 », soit une diminution de 6 %. Un gros décrochage a eu lieu en 2011, en raison d’un « contexte budgétaire très contraint » : les associations percevant les plus gros montants de subvention les ont vu baisser de 14 %, même si un appel à projets de 300 000 € a été lancé pour « soutenir les actions associatives en direction des femmes les plus exposées ». Après une année plus favorable en 2012, l’enveloppe a de nouveau chuté en 2013 du fait « des contraintes budgétaires imposées aux dépenses de l’Etat en raison de la crise économique ». L’administration argue de coups de rabot motivés, pour certaines associations, par « l’envergure nationale jugée insuffisante des actions », « l’absence de pertinence de financements eu égard à d’autres financements possibles et plus justifiés », ou encore par « le manque de plus-value » en termes de santé publique… Quant aux conventions pluriannuelles d’objectifs, elle précise que chacune doit faire l’objet d’une évaluation à son échéance avant la conclusion d’un nouvel engagement. Et que, pendant la période transitoire, le partenariat s’effectue dans le cadre d’une convention annuelle.

Le Conseil national du sida doit, quant à lui, transmettre au gouvernement son avis sur le bilan d’étape du plan national de lutte contre le VIH-sida 2010-2014 et ses recommandations pour le prochain programme. Le texte, soumis au vote le 16 janvier, devrait comporter un volet sur les moyens d’action des associations, tant en termes de financements que de maillage national et territorial.

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