Mené en partenariat avec la CNSA (caisse nationale de solidarité pour l’autonomie), le Baromètre santé sourds et malentendants de l’INPES (Institut national de prévention et d’éducation pour la santé) révèle que 46 % des personnes souffrant de surdité, d’acouphènes ou d’hyperacousie sont en situation de « détresse psychologique », contre 17 % de la population générale (1). Ce sont les femmes qui déclarent le plus souvent un état de mal-être (49 %, contre 40 % des hommes). Ces résultats corroborent une enquête menée en 2011 par l’Unisda (Union nationale pour l’insertion sociale du déficient auditif) (2). Celle-ci tendait également à montrer que l’âge de survenue des problèmes d’audition avait une influence sur le niveau de souffrance psychique : il est plus important lorsque la perte d’acuité auditive survient entre 16 et 35 ans.
Selon le baromètre, la détresse psychologique n’augmente pas de manière linéaire avec le niveau de surdité. Les personnes affirmant ne pas entendre du tout sont en moins mauvaise santé psychique que celles qui disent entendre avec beaucoup de difficultés : 40 % des premières sont en situation de détresse psychologique, contre 51 % des secondes. C’est en partie dû au fait que celles-ci souffrent plus souvent d’acouphènes et d’hyperacousie que les personnes sourdes, des troubles qui s’accompagnent de douleurs physiques, source de souffrance morale.
Les autres difficultés de ces malentendants viennent du fait que, bien que non reconnus sourds, ils ont des difficultés à comprendre ce qui se dit autour d’eux – surtout en présence de plusieurs personnes – et à lire sur les lèvres, une situation insuffisamment améliorée par l’appareillage (quand il est accepté et financièrement accessible). Les échanges laborieux entraînent au quotidien une grande fatigue et une dévalorisation de soi. Les personnes atteintes de problèmes d’audition mettent en avant le manque d’efforts des « entendants », souvent parce qu’ils n’ont pas une connaissance des attitudes appropriées (parler en face, articuler sans crier…). D’autres malentendants cherchent à cacher leur déficience et les difficultés de communication se trouvent alors démultipliées.
Que l’on pratique ou non la langue des signes, le niveau de détresse psychologique est quasi équivalent, pointe le baromètre, notamment parce que cette langue est minoritaire et que communiquer avec ceux qui ne la pratiquent pas reste souvent compliqué. Enfin, une surdité profonde depuis la prime enfance peut s’accompagner, faute de moyens linguistiques adaptés, de difficultés à apprendre le français écrit. Or la détresse psychologique augmente lorsque l’accès à l’écrit est restreint.
(1) Disponible sur
(2) Voir ASH n° 2710 du 20-05-11, p. 23.