Tous les bénéficiaires du RSA (revenu de solidarité active) soumis aux droits et devoirs ne sont pas logés à la même enseigne sur le chemin de l’emploi. C’est ce que confirme une étude de la CNAF (caisse nationale des allocations familiales) qui, à partir de l’exploitation des données socioprofessionnelles recueillies par les organismes instructeurs avec l’outil @RSA en 2012, dresse la typologie des allocataires appartenant à un foyer touchant le RSA « socle » et dont les revenus d’activité mensuels sont inférieurs à 500 €. En contrepartie d’un accompagnement adapté à leur situation (à caractère plutôt social ou professionnel), ces derniers doivent s’engager dans une démarche d’insertion formalisée par un contrat d’engagement réciproque ou un projet personnalisé d’accès à l’emploi. Situation et difficultés personnelles, passé professionnel, niveau d’études, mobilité… en fonction de leurs caractéristiques et de leurs freins à l’emploi, la CNAF a identifié cinq profils de bénéficiaires.
Le groupe le plus important (35 % de l’effectif) est principalement constitué de chômeurs en fin de droits. Les allocataires sont plutôt des hommes (75 %), souvent peu diplômés, et ont plus fréquemment déjà bénéficié du RMI ou du RSA. S’ils citent moins souvent des difficultés dans leur vie quotidienne (29 %, contre 36 % en moyenne), ils évoquent, lorsque c’est le cas, plus fréquemment l’endettement. Souvent mobiles géographiquement, 95 % d’entre eux sont prêts à s’engager rapidement dans une démarche de recherche d’emploi (contre 82 % pour l’ensemble).
Arrive ensuite un autre groupe (21 % de l’ensemble), presque exclusivement composé de femmes, très majoritairement en situation d’isolement, avec un ou des enfants à charge. Dans 30 % des cas, leur demande de RSA est consécutive à un changement de situation familiale. Plus fréquents, leurs obstacles à la recherche d’emploi sont liés à des problèmes de garde d’enfants. Particularité chez les plus jeunes : plus d’un tiers sont hébergées en logement temporaire. 40 % des moins de 25 ans n’ont jamais travaillé (contre 13 % de l’ensemble de la population étudiée). Les femmes déclarent une mobilité limitée. Au final, seulement 57 % sont en mesure de s’engager rapidement dans une démarche de recherche d’emploi.
Un autre groupe (18 % de l’ensemble) est en majorité composé de personnes âgées de plus de 55 ans et en situation de grande précarité. Un quart de ces allocataires sont hébergés dans un logement précaire ou d’urgence, contre 5 % de l’ensemble de l’effectif étudié. 76 % déclarent des difficultés dans leur vie quotidienne – problèmes de santé, administratifs, faible niveau d’écriture ou de lecture. Un quart n’ont jamais travaillé et la moitié ne sont pas inscrits comme demandeurs d’emploi. Ils sont 70 % à être prêts à s’engager rapidement dans une recherche d’emploi.
Un quatrième groupe – 15 % de la population étudiée – rassemble des allocataires très majoritairement âgés de 25 à 29 ans, plutôt diplômés et en phase d’insertion, ne déclarant pas de difficultés particulières et demandant plus fréquemment la prestation « pour fin d’études ». La CNAF identifie enfin un « groupe résiduel » (11 % de l’ensemble) qui rassemble les personnes qui n’ont pas répondu à la question « Avez-vous déjà bénéficié du RSA-RMI ? ». Elles sont plus souvent inscrites comme demandeurs d’emploi (76 %, contre 65 %) et sont caractérisées par une très faible mobilité.
Si l’étude ne se penche pas sur le bilan de l’accompagnement de ces différents types d’allocataires, ses résultats sont à corréler avec d’autres portant sur l’évolution des parcours (1) ou encore sur les différences – faibles – entre les accompagnements proposés avant et après la réforme de 2009 (2).
(1) Voir ASH n° 2824 du 13-09-13, p. 17.
(2) Voir ASH n° 2797 du 15-02-13, p. 20.