Pas toujours facile de travailler avec des familles rom. Tel est le sens du livre de René Boiteau Ces Roms autour de Nantes. Depuis plusieurs années, cet ancien professeur de français consacre son temps libre à l’accompagnement et à l’alphabétisation de familles rom installées sur des terrains boueux de la banlieue de Nantes (1). Négociations avec les municipalités, incitation à la scolarisation des enfants et médiation avec les établissements scolaires, intervention en urgence lors des évacuations et arrestations… Une fois la confiance des familles gagnée, l’engagement nécessite d’être présent sur tous les fronts et de savoir surmonter les « désillusions » : « En éducation, il faut savoir être patient et rien n’est acquis d’emblée », se répète René Boiteau lorsque certains des jeunes dont il a obtenu l’inscription en collège désertent les classes au profit des petits boulots et de la mendicité. « Loin de réaliser qu’ils se coupent de toute possibilité d’intégration en France, ils baragouinent suffisamment, croient-ils, pour se débrouiller dans la vie. » Certes, les différences culturelles désarçonnent parfois les bénévoles. « Rejetés depuis des siècles, de génération en génération, les Roms se transmettent l’idée forte qu’ils ne peuvent survivre sans mendier, tirer profit des déchets des autres, contourner au maximum les interdits qui les empêchent de gagner honnêtement leur vie », reconnaît René Boiteau, et « leur mode de vie ne peut pas évoluer du jour au lendemain ». L’enseignant retraité persiste pourtant à croire fermement en l’insertion des familles rom dans la société française, en particulier des jeunes… à condition d’accepter de leur faire une place. « Ne laissons pas dans la jachère des graines de délinquance, exhorte-t-il à la lumière de son expérience. Il en va de notre responsabilité. C’est l’avenir qui se construit avec eux. C’est notre Europe. »
Ces Roms autour de Nantes
René Boiteau – 14 € – A commander auprès de l’auteur : 16, rue du Muguet, 44700 Orvault (+ 2,35 € de frais d’envoi) – Contact :
(1) Voir ASH n° 2800 du 8-03-13, p. 18.