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L’Unapei et la Fegapei décidées à se rapprocher

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Alors qu’elles avaient rompu leurs liens depuis 2005, la Fegapei et l’Unapei envisagent, pour mieux s’adapter aux évolutions du secteur, de se rapprocher. Reste à déterminer sous quelle forme juridique.

« Nous sommes sortis de la guerre froide », se félicite Christel Prado, présidente de l’Unapei (Union nationale des associations de parents, de personnes handicapées mentales et de leurs amis). Depuis deux ans, celle-ci a renoué le dialogue avec la Fegapei (Fédération nationale des associations gestionnaires au service des personnes handicapées et fragiles). Une réconciliation qui se traduit aujourd’hui par un projet de rapprochement. Alors que leurs relations s’étaient fortement dégradées, les deux organisations avaient rompu leurs liens institu­tionnels depuis 2005. A cette date, le Snapei (Syndicat national des associations de parents et amis de personnes handicapées mentales) – créé en 1964 par l’Unapei – s’était en effet transformé en Fegapei afin de représenter les intérêts gestionnaires des associations employeurs (1). Pour l’Unapei, cette transformation du syndicat patronal en une fédération d’associations plaçait la Fegapei dans une fonction de représentation politique qui, n’était, selon elle, pas la sienne. L’union avait alors décidé de mettre fin à son adhésion à l’ex-Snapei. « Aujourd’hui, le temps a passé, de nouvelles équipes dirigeantes se sont mises en place dans nos deux organisations et le fait d’avoir de nouvelles têtes de réseau nous a permis de pouvoir nous parler », explique Christel Prado.

« Tourner la page »

Déterminées à « se débarrasser du poids de l’histoire », les deux organisations veulent « tourner la page ». Elles sont parties d’un constat : elles ont à 80 % les mêmes adhérents. « Sur le terrain, cette situation est peu lisible : par exemple, le président d’une association peut, sur un même territoire, siéger au nom de l’Unapei à la CDAPH [commission des droits et de l’autonomie des personnes handi­capées] et au nom de la Fegapei à la CRSA [conférence régionale de santé et de l’autonomie]. Il y a aussi une forme de concurrence de facto », ajoute Christel Prado. Les prestations qu’elles fournissent se rejoignent : « Nous proposons les mêmes types de services : accompagnement juridique, aide à la gestion. Nos catalogues de formations se recouvrent en partie et nous produisons les mêmes outils, les mêmes manuels », renchérit Guy Hagège, président de la Fegapei. Plutôt que d’entretenir cette situation concurrentielle, « source de déperdition d’énergie et de gaspillage de moyens », les deux organisations entendent mutualiser leurs forces. « Nous n’arrivons pas à répondre à l’ensemble des demandes de nos adhérents et l’aide que nous apportons n’est pas satisfaisante. Aujourd’hui, à l’Unapei, nous n’avons pas les capacités humaines pour satisfaire toutes les demandes. Si nous voulons répondre mieux, il faut répondre ensemble », poursuit Christel Prado. Le contexte actuel les y pousse : les évolutions de la réglementation à l’œuvre depuis quelques années (loi « HPST », réforme territoriale de l’Etat, inflation normative, évolutions de la tarification…) ont bouleversé le paysage médico-social et la baisse des financements oblige les acteurs du secteur à se serrer les coudes. « Le monde du handicap est très éclaté, ce qui a pu être une force à une époque est aujourd’hui une faiblesse. Nous avons besoin de synergies plus fortes entre les têtes de réseau. Nos deux organisations ont déjà un socle commun », ajoute Guy Hagège. Parmi les mutualisations possibles, ce dernier cite en particulier les formations ou l’expertise juridique. Christel Prado y voit aussi l’opportunité de développer la recherche.

Reste que ce rapprochement va prendre du temps. « Depuis deux ans, nous avons appris à nous connaître. Il a fallu sensibiliser nos conseils d’administration qui étaient marqués par l’histoire. Et aussi rassurer nos 20 % d’adhérents qui ne sont pas affiliés à l’Unapei », poursuit Guy Hagège. La Fegapei, lors de sa création en 2005, s’est ouverte à des associations non parentales, à des associations de personnes présentant des handicaps autres que la déficience mentale ainsi qu’à de nouvelles fédérations (la Fédération nationale pour l’insertion des personnes sourdes et des personnes aveugles, la Fédération des aveugles de France).

Différents scénarios

Le 12 décembre dernier, les deux conseils d’administration ont confié à leurs directeurs généraux la mission de trouver un consultant qui les accompagne dans cette démarche de « rapprochement pérenne ». Ce cabinet extérieur – qui devrait rendre son rapport fin mars – sera chargé de proposer un état des lieux exhaustif de l’ensemble des actions et activités communes aux deux organisations, de présenter les différentes formes possibles de mise en commun, leurs avantages et inconvénients et de proposer un scénario. Quelle forme juridique ce rapprochement peut-il prendre ? S’il est encore trop tôt pour le savoir, plusieurs hypothèses sont envisageables : le groupement (groupement de coopération, groupement social de moyens), la convention de gestion ou de partenariat, le siège interassociatif, l’association d’associations… « Au plan national, nous ne sommes pas dans une logique de fusion des deux réseaux car cette option implique une opération lourde qui nécessite un projet politique commun [2], ce qui n’est pas le cas aujourd’hui. Mais en région, pourquoi ne pas imaginer une représentation dans laquelle se retrouvent des membres des Urapei et des dé­légations régionales de la Fegapei ? », suggère Guy Hagège.

De fait, les deux organisations n’ont pas la même ligne. Ainsi l’Unapei s’est montré farouchement opposée à la décentralisation des établissements et services d’aide par le travail (ESAT) (3) alors que la Fegapei voit dans une autorité de financement unique le moyen de créer des passerelles et de faciliter les parcours. Des divergences apparaissent aussi sur la question des maisons de l’autonomie (MDA), la Fegapei – pourtant favorable à la transformation des maisons départementales de personnes handicapées en MDA – a refusé de signer la déclaration de l’Assemblée des départements de France demandant au gouvernement de l’étudier (4). « Nous sommes rarement opposés sur les objectifs mais pas toujours d’accord sur les moyens d’y parvenir », résume Christel Prado.

Notes

(1) Voir ASH n° 2415 du 8-07-05, p. 43.

(2) L’Unapei a adopté son projet politique en juin 2013 et la Fegapei doit valider le sien en 2014.

(3) Voir ASH n° 2788 du 21-12-12, p. 11.

(4) Voir ASH n° 2825 du 20-09-13, p. 22.

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