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La vie dans la cité, hors clichés

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Un quartier où « rien n’est beau, tout est moche » : les murs sont tagués, les boîtes à lettres fracassées, les sols maculés. En bas des grandes tours, uniquement des hommes jeunes, presque tous habillés d’un blouson à capuche remontée et les mains dans les poches. Ils ne les sortent que pour s’allumer une cigarette ou se saluer. A part « zoner », ils aiment s’occuper de leur voiture, de leur moto ou de leur quad. L’un d’eux promène aussi son pitbull. Qu’elles soient prises de jour ou de nuit, toutes les photos sont en noir et blanc et souvent très sombres, aux couleurs du désespoir des habitants de Clichy-sous-Bois (Seine-Saint-Denis). Jean-Manuel Simoes a immortalisé la vie de la cité où vivaient Zyed et Bouna, les deux jeunes morts électrocutés dans un transformateur EDF en voulant échapper à une patrouille de police en 2005. Cet événement, qui a mis la France en état d’alerte, a été le point de départ de son travail photographique. Dans ce lieu où ni les caméras ni les appareils photo ne sont les bienvenus, Jean-Manuel Simoes est parvenu à se faire accepter par ces « chiens de la casse » – c’est le surnom que se donnent entre eux les jeunes des quartiers. Il a eu le droit de photographier beaucoup de situations et de lieux, « sauf les cages d’escalier ». « Je suis allé sur place non pas pour chercher quelque chose, mais pour faire des photos ; je photographiais non pas des choses que j’avais en tête, mais ce que j’avais devant moi, c’est-à-dire des êtres humains », explique-t-il. En commençant son reportage au long cours, il n’était pas sûr de ce qu’il allait faire de ces clichés ; quant aux protagonistes, ils n’avaient sûrement pas idée qu’ils finiraient dans un livre d’art, puis dans une exposition présentée non loin de chez eux, au Bourget. « Au début, je regardais ce milieu par le prisme de mes préjugés. Aujourd’hui, je sais qu’il n’y a pas que des voyous dans ces quartiers. Je n’ai toujours pas vu de circulation d’armes […], je n’ai pas vu d’agression à tout bout de champ, je n’ai pas vu de plaque tournante de la drogue… Je ne dis pas que ça n’existe pas. »

Chiens de la casse

Jean-Manuel Simoes – Ed. Husson (www.husson-editeur.be) – 30 € – Exposition jusqu’au 14 février au centre culturel André-Malraux – 10, av. Francis-de-Pressensé, 93350 Le Bourget – entrée libre

Culture

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