Blessures de l’homophobie
Les débats relatifs au mariage pour tous en témoignent éloquemment : l’homosexualité est encore souvent une réalité stigmatisée. Au vu de la réaction d’une mère de jeune adulte rapportée au début de cet ouvrage – « Si j’avais su que tu étais pédé, j’aurais avorté » –, on constate que la violence du rejet peut ne pas être moindre dans le milieu familial. Face à cette homophobie aux conséquences désastreuses, « l’accompagnement social prend toute sa place », souligne Frédéric Gal, directeur général du Refuge, association créée en 2003 pour lutter contre l’isolement et l’exclusion des 18-25 ans homosexuels et transsexuels. C’est cet accompagnement complexe que l’auteur détaille dans cet ouvrage. Les jeunes en rupture familiale et en situation de précarité hébergés par le Refuge à Montpellier, à Paris, à Marseille, à Lyon et à Toulouse – une centaine en 2012 – ont un certain nombre de traits communs : ce sont près de neuf fois sur dix des garçons, qui ont souvent connu la violence intrafamiliale et un parcours en protection de l’enfance. Au Refuge, ils bénéficient d’une prise en charge éducative soutenue, mise en œuvre par des professionnels (CESF et psychologues) et des bénévoles aux compétences variées, formés à l’écoute et aux problématiques liées à l’homosexualité. Cette prise en charge est courte (un à six mois) et étroitement réglementée – avec des sanctions pouvant aller jusqu’à l’exclusion définitive. Il s’agit d’un cadre « à la fois sécurisant pour des jeunes à qui les repères font défaut et assez strict pour pousser un jeune à partir du Refuge une fois son autonomie revenue », commente l’auteur.
Le travail social auprès des victimes d’homophobie. Questionnement identitaire, lien familial, insertion
Frédéric Gal – Ed. ASH – 21 €