« Un grand pas pour les petits soucis du quotidien, et un petit pas pour la politique du handicap », tel est l’avis mitigé de la FNATH (L’association des accidentés de la vie), après l’adoption, en première lecture, le 12 décembre, de la proposition de loi du sénateur Didier Guillaume (PS), visant à garantir la gratuité du stationnement pour les personnes handicapées sur toutes les places de stationnement ouvertes au public. Ce texte a été amendé par les sénateurs : d’une part les autorités compétentes de chaque commune pourront fixer une durée maximale de stationnement d’au moins 12 heures, d’autre part, elles pourront appliquer le tarif de droit commun ou un tarif spécifique dans les parcs de stationnement munis de bornes d’entrée et de sortie.
Si la FNATH souligne que cette proposition de loi vient clarifier et homogénéiser des pratiques, elle pointe ses effets pervers : en en faisant un « sésame pour la gratuité de stationnement », cette mesure ne risque-t-elle pas de renforcer les fraudes à l’obtention et l’utilisation de la carte de stationnement pour personnes handicapées ? Ne va-t-elle pas également entraîner une augmentation des demandes de ces cartes auprès des maisons départementales des personnes handicapées ? D’autant que la proposition de loi « ne règle pas la question du nombre de places adaptées disponibles ». Enfin, l’association assimile cette mesure à de la charité… « Cette proposition satisfait certes beaucoup de nos adhérents, mais la gratuité pour tous va à l’encontre du principe d’égalité et d’inclusion, estime, dans le même sens, Patrice Tripoteau, directeur général adjoint de l’Association des paralysés de France. En outre, il ne faut pas que, demain, les élus nous opposent l’argument de la gratuité du stationnement pour freiner les aménagements nécessaires comme l’accessibilité de la voirie, des transports en commun ou la lutte pour le respect des places réservées. » Par ailleurs, regrettent les deux associations, « cette mesure permet d’occulter les questions des ressources des personnes handicapées, qui restent nombreuses à vivre sous le seuil de pauvreté ou de la compensation du handicap: une consolation donc, en l’absence de réponse à ces questions ».