Marisol Touraine et Michèle Delaunay lanceront prochainement un « plan d’action pour une politique du médicament adaptée aux besoins des personnes âgées ». C’est ce qu’elles ont fait savoir, dans un communiqué du 12 décembre, après avoir reçu le rapport de Philippe Verger sur la politique du médicament en établissement d’hébergement pour personnes âgées dépendantes (EHPAD) (1). Rappelons que c’est après avoir renoncé à rationaliser la prescription de médicaments via la tarification de ces structures (2) que la ministre des Affaires sociales et de la Santé et la ministre déléguée aux personnes âgées et à l’autonomie avaient demandé au directeur adjoint chargé de la politique gérontologique au CHU de Limoges de proposer une démarche plus qualitative. Le plan d’action, qui s’appuiera sur ses recommandations, s’inscrira également dans le cadre de la future loi d’adaptation de la société au vieillissement, ont-elles précisé.
Tandis que la consommation de médicaments augmente avec l’âge, les personnes âgées sont plus exposées aux événements indésirables associés aux médicaments du fait des changements physiologiques qui accompagnent le vieillissement normal, rappelle tout d’abord le rapport « Verger ». En moyenne, les résidents d’EHPAD consomment en effet huit molécules par jour, une polymédication qui s’accompagne de nombreux effets indésirables (chutes, dénutrition, troubles du comportement…) et peut conduire à des « erreurs médicamenteuses ». C’est pourquoi le rapport préconise en premier lieu d’améliorer l’usage des médicaments. A ce titre, Philippe Verger estime qu’il faut renforcer la formation initiale en gériatrie de tous les futurs médecins généralistes, favoriser les stages en EHPAD au cours de leur formation ou encore élaborer des référentiels pour les guider dans leurs prescriptions. L’optimisation des prescriptions devrait en outre être un thème prioritaire dans le cadre de la procédure d’évaluation des structures, dans le projet d’établissement ainsi que dans la convention tripartite, préconise-t-il.
Un deuxième axe de recommandations vise à sécuriser le circuit du médicament. Pour Philippe Verger, chaque EHPAD devrait être en mesure de définir sa propre politique du médicament et de développer une « culture de sécurité ». Et chaque agence régionale de santé devrait être chargée de constituer une plate-forme d’experts pour accompagner les établissements dans cette démarche. Il appelle par ailleurs les pouvoirs publics à publier plusieurs textes réglementaires attendus de longue date, à savoir : le décret relatif à la préparation des doses à administrer et l’arrêté relatif à la convention-type que certains EHPAD (ceux qui ne disposent pas d’une pharmacie à usage intérieur ou qui ne sont pas membres d’un groupement de coopération sanitaire gérant une telle pharmacie) doivent conclure avec un ou plusieurs pharmaciens d’officine pour la fourniture en médicaments des personnes hébergées en leur sein (3). Il faudrait en outre élaborer un texte définissant le statut, les missions, la formation et la rémunération du pharmacien référent, plaide Philippe Verger (4). Autre proposition : charger l’Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé d’élaborer des recommandations sur le bon usage des comprimés en cas de problème de déglutition ainsi qu’un avis sur les risques de la déblistérisation pour la préparation des piluliers.
Enfin, le rapport recommande de former les personnels des EHPAD aux bonnes pratiques professionnelles de prise en charge des résidents qui présentent des troubles du comportement, d’optimiser les systèmes d’information de ces structures ou encore, d’une façon plus large, de développer la recherche dans le domaine de la médication des personnes âgées.
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(2) La loi de financement de la sécurité sociale (LFSS) pour 2013 a en effet mis fin à l’expérimentation de la réintégration des médicaments dans le forfait « soins » de certains EHPAD.
(3) Pour mémoire, la publication de l’arrêté relatif à la convention-type « EHPAD/pharmacie d’officine » est prévue par la LFSS pour 2007.
(4) C’est la LFSS pour 2009 qui a rendu obligatoire la désignation d’un pharmacien référent dans la convention conclue entre les EHPAD et les pharmacies d’officine.