Le Parlement européen s’inquiète de la double discrimination qui pèse sur les femmes handicapées, en raison de leur genre et de leur handicap. Dans une résolution non législative adoptée le 11 décembre (1), les eurodéputés pressent les Etats membres de veiller à ce que ces femmes puissent jouir des droits à l’éducation, à la santé, à l’emploi, à la mobilité, à la vie familiale, aux relations sexuelles, au mariage et à la maternité et bénéficier des protections spéciales qui garantissent ces droits. Ils soulignent ensuite l’importance de la prise en charge de ces personnes. Partant, ils recommandent à la Commission européenne de présenter une proposition législative sur le congé des aidants (ou le congé filial) afin de « permettre aux travailleurs de prendre un congé pour s’occuper d’un proche malade, handicapé ou invalide et/ou de rester actifs tout en prenant un congé afin de s’occuper d’un proche dépendant ».
Les députés européens estiment également que, lorsque la famille immédiate d’un enfant handicapé ne peut s’en occuper, les administrations publiques doivent proposer d’autres solutions de prise en charge dans le cadre de la famille élargie et, lorsque cela se révèle impossible, au sein de la population dans un environnement familial, rejoignant ainsi la position du Conseil de l’Europe sur la désinstitutionnalisation des enfants handicapés (2).
Enfin, la résolution insiste sur les droits sexuels des femmes handicapées. Elle souligne que les filles, préadolescentes ou adolescentes, et les femmes handicapées ont besoin d’avoir accès à une éducation sexuelle donnée par des professionnels experts en ce domaine. Elle ajoute que tout contrat de stérilisation passé par une fille ou une femme handicapée doit être volontaire et examiné par une tierce partie impartiale, chargée de vérifier que la décision a été prise équitablement et, en l’absence d’indications médicales sérieuses, sans contrainte. Considérant que la stérilisation forcée et l’avortement contraint sont des formes de violence contre les femmes et constituent des traitements inhumains ou dégradants, les députés européens appellent les Etats membres à les éradiquer et à les condamner fermement. Ils soulignent en outre que, compte tenu des défis supplémentaires qu’elles doivent relever, les femmes handicapées devraient avoir droit à un congé de maternité prolongé pour leur permettre de s’adapter à leur nouvelle situation et de développer correctement leur vie familiale.
A l’heure actuelle, 80 millions de personnes handicapées vivent au sein de l’Union européenne, parmi lesquelles 46 millions sont des femmes, ce qui correspond à 16 % du total de la population féminine de l’Union. Avec le vieillissement de la population, cette part devrait encore s’accroître au cours des prochaines années.
(1) Résolution disponible sur
(2) Voir ASH n° 2646 du 12-02-10, p. 8. Sur la question de la désinstitutionnalisation du handicap, voir en dernier lieu, ASH n° 2823 du 6-09-13, p. 24.