Il existe trois centres parentaux en France, le plus ancien est celui de l’association Aire de famille, créé à Paris en 2004 (1). Des projets similaires fleurissent à Rennes, Marseille, Douai, Nevers, dans les Vosges, à la Réunion et en Belgique.
Ces établissements accueillent, au titre de la protection de l’enfance, des jeunes couples en situation de grande vulnérabilité sociale et psychique qui attendent un enfant et les accompagnent au cours des premières années de vie de l’enfant. Contrairement aux structures classiques, ils accueillent les pères. Ils proposent un accompagnement psycho-socio-éducatif qui offre une sécurité permettant au couple de se projeter. L’association que nous venons de créer rassemble des acteurs de toutes les régions (travailleurs sociaux, cadres d’établissements publics, gestionnaires associatifs, conseils généraux…) afin d’encourager la création de centres parentaux et de co-construire de nouvelles pratiques d’accompagnement de ce public. Elle est issue du collectif de professionnels que nous avions constitué après la parution de l’ouvrage qui retrace l’expérience d’Aire de famille (2).
Les centres parentaux n’ont tout d’abord pas de base légale : ce sont des structures expérimentales, principalement financées par l’aide sociale à l’enfance (ASE) et parfois d’autres financeurs au titre de la santé et du logement. Ensuite, les conseils généraux sont terrorisés à l’idée de devoir payer plus ! Or nous pouvons démontrer qu’un centre parental coûte moins cher qu’un centre maternel.
Enfin, la procédure des appels à projet ne permet pas aux acteurs de terrain de proposer des initiatives innovantes.
Le plan pluriannuel contre la pauvreté et pour l’inclusion sociale de janvier dernier prévoit de donner un cadre juridique à ces centres. Nous avons rencontré le cabinet de Dominique Bertinotti [ministre déléguée à la famille] qui nous a confirmé que celui-ci pourrait faire partie des mesures du projet de loi sur la famille prévu pour 2014. Il y a une vraie volonté de soutenir les centres parentaux. Notre association a vocation à être l’interlocuteur de ces structures auprès des pouvoirs publics. Reste la question du coût : la direction générale de la cohésion sociale devrait mettre en place un groupe de travail pour réaliser une évaluation objective des frais et des économies que les centres parentaux engendrent.
Depuis deux ans, le collectif se réunit régulièrement autour d’un thème et invite un intervenant extérieur. Le pédopsychiatre Bernard Golse est intervenu sur les bienfaits pour l’enfant de son double attachement à ses père et mère et de leur soutien. Le 31 janvier, le psychiatre Jean-Marie Lemaire viendra nous parler de la « clinique de la concertation » – une pratique thérapeutique de réseau qui s’appuie sur la « force convocatrice » des familles en détresses multiples pour inviter les professionnels à repérer les ressources et points d’appui fiables. Ces rencontres thématiques permettent aux professionnels de retrouver du sens à leur travail.
Au-delà de ces journées d’études, nous souhaitons promouvoir des recherches scientifiques sur l’accompagnement des familles (3). Par ailleurs, nous allons proposer des formations sur la question de la triade père-mère-enfant dans l’accueil des familles, à destination des cadres de l’ASE, des associations…
(1) Les autres centres se trouvent à Toulon et à Nantes. Voir le reportage sur Aire de famille dans les ASH n° 2743 du 20-01-12, p. 34.
(2) Protéger l’enfant avec ses deux parents. Le centre parental, une autre voie pour réussir la prévention précoce – Ed. de l’Atelier – Voir ASH n° 2680 du 29-10-10, p. 39.
(3) L’association prépare un colloque intitulé « Le centre parental, une révolution pacifique pour la protection de l’enfance », qui devrait avoir lieu le 21 novembre 2014 au Conseil économique, social et environnemental –