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Une maison de femmes libres

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Une maison de retraite « pour les femmes, autogérée, citoyenne et écologique », c’est ce qu’a imaginé Thérèse Clerc il y a dix-sept ans. Pour cette militante féministe, déjà à l’origine de la Maison des femmes de Montreuil (Seine-Saint-Denis), cette résidence devait être une alternative aux établissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes (EHPAD) traditionnels qui, selon elle, « encouragent la dépendance ». Or, à 86 ans, Thérèse Clerc, fondatrice de la Maison des Babayagas, estime que « la vieillesse n’est pas une pathologie, c’est un très bel âge, et c’est surtout celui de la pleine liberté ! » « Sa » maison repose sur une convention qui la lie à la mairie et à l’office HLM, garantissant aux pensionnaires un loyer modeste. Mais il s’agit surtout d’un projet global d’ouverture sur la ville : dans la charte de vie en communauté qu’elles signent à leur entrée, les Babayagas s’engagent à donner dix heures de travail hebdomadaires pour faire fonctionner l’université des savoirs, située au rez-de-chaussée de la résidence, et à organiser des activités culturelles ou festives en faveur du quartier. Le dossier intéresse immédiatement les décideurs, des femmes âgées et rallie quelques politiques. Et pourtant, cette Maison des Babayagas n’a pu ouvrir ses portes qu’au début 2013. Ce sont ces années de combats, de discussions animées, de désillusions et de petites victoires que Jean-Marc La Rocca retrace dans son documentaire. Il est aussi allé à la rencontre des 21 Babayagas, âgées de 60 à 90 ans, au moment de leur emménagement dans leur nouveau « chez-soi ».

L’histoire est trépidante et, très vite, on se rend compte que Thérèse Clerc, personnage omniprésent dans les médias, est à la fois la force et la faiblesse de ce projet. « Jamais une initiative de ce type-là n’aurait pu voir le jour sans son charisme, son obstination, son talent. Et, en même temps, il a failli capoter à cause de sa détermination sans faille et un peu bornée ! », admet un élu de Montreuil. En 2010, par exemple, alors que l’entreprise est bien avancée, un conflit divise les futures résidentes à propos du loyer très élevé des locaux collectifs et de l’ouverture d’un spa au sein de la structure. Il entraîne la démission de 13 Babayagas. Plus tard, c’est le recrutement des nouvelles résidentes qui pose problème, Thérèse Clerc ne voulant enrôler que des militantes, tandis que les autres membres aspirent simplement à trouver des femmes avec qui elles puissent vivre « en harmonie ». « La Maison des Babayagas, c’est réapprendre à vivre ensemble dans une unité de lieu, et ça ne peut pas se faire sans grincements », admet une aînée membre du bureau. Les Babayagas vieilliront-elles ensemble ? Parviendront-elles à transformer l’utopie en innovation sociale ?

Nous vieillirons ensemble, la saga des Babayagas

Jean-Marc La Rocca – Sur France 5, mardi 10 décembre à 20 h 35 – 52 min – Plus d’infos sur www.lamaisondesbabayagas.fr

Culture

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