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Un couac dans le comité de suivi du colloque sur la maltraitance des enfants

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Ce claquement de porte n’est pas passé inaperçu dans le champ de la protection de l’enfance. Dans un courrier du 24 no­vembre, qu’il a rendu public, Laurent Puech, assistant de service social, ancien président de l’Association nationale des assistants de service social (ANAS), annonce à ses membres sa décision de quitter le comité de suivi du colloque du 14 juin 2013 sur les violences faites aux enfants, organisé par André Vallini, sénateur (PS) et président du conseil général de l’Isère, et Anne Tursz, directrice de recherche émérite à l’Inserm. Le comité de suivi, présidé par cette dernière et composé d’une douzaine de professionnels, en grande partie issus du monde médical, désire formuler des propositions sur la lutte contre la maltraitance des enfants. Sujet qu’il souhaite, dans un appel, voir déclaré « grande cause nationale 2014 ».

Laurent Puech argue, en partie, d’une une question de méthode : « Nous n’avons pas construit les bases de notre travail que déjà il faudrait auditionner » et « aucun travail sur les concepts n’a été engagé », malgré des différences de perception entre les différents membres. Sur le fond, il refuse de souscrire « à l’esprit qui guide le texte d’appel » à la grande cause nationale, lequel « cherche le sensationnel et joue sur l’émotion et la culpabilisation en prétendant que deux enfants meurent tous les jours de la violence de leurs parents principalement, sur la base d’une extrapolation tellement fragile ». Surtout, explique-t-il encore dans sa lettre, « le groupe est déjà lié par des propositions (celles d’André Vallini) qu’il n’a pas eu le temps de ­discuter réellement ». Les marges de manœuvre lui sont apparues réduites : « Les choses auraient pu s’améliorer avec du temps, mais elles se sont accélérées quant le sénateur a eu besoin d’“idées choc” à présenter au Premier ministre pour défendre la “grande cause” », explique Laurent Puech aux ASH. Parmi celles-ci : « le signalement et le partage d’informations obligatoires, par les médecins en particulier, au-delà des dispositions prévues par la loi de 2007. C’est le type de propositions par lesquelles on pense résoudre d’autres problèmes, comme l’isolement des médecins libéraux, leur formation continue… » Sollicitée par les ASH, Anne Tursz invoque son « devoir de réserve » et estime qu’elle ne peut s’exprimer sur les réflexions d’un groupe de travail « qu’à la fin des travaux du groupe, lorsque les conclusions sont rendues publiques ». André Vallini, pour sa part, précise « ne pas intervenir dans le travail de ce groupe, dont [ il ne] fait pas partie ».

Seule représentante des associations de protection de l’enfance au sein du comité (qui compte notamment deux magistrats et un directeur de l’enfance d’un conseil général), Fabienne Quiriau, directrice générale de la Convention na­tionale des associations de protection de l’enfant (CNAPE ), regrette d’autant plus cet incident qu’elle avait demandé que Laurent Puech rejoigne le groupe en tant que travailleur social. Cet épisode « est le reflet de la difficulté sur le terrain à faire travailler ensemble une diversité de professionnels, qui ne partagent pas tous le même vocabulaire », estime-t-elle. La présidente du comité est disposée, selon elle, à reposer la méthode du groupe, qui consisterait d’abord « à faire le point sur les sujets qui nécessitent une amélioration » et à identifier les freins dans l’application de la loi de 2007. Fabienne Quiriau considère que le « débat est ouvert » pour l’année 2014, sur des sujets comme la prévention, la formation des professionnels ou la question plus sensible du partage d’informations. « Recadrage » ou mise au point, le coup de colère de Laurent Puech aura sans doute contribué à faire avancer la démarche.

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