Ce réseau réunit 25 universités et départements IUT « carrières sociales » qui mettent en œuvre des formations diplômantes dans le champ de l’intervention sociale. Sa ligne politique n’a pas changé : nous souhaitons, d’une part, maintenir et développer les coopérations universités-centres de formation en travail social et, d’autre part, contribuer à la reconfiguration des formations sociales afin d’adapter les dispositifs aux évolutions du champ social. Ce qui nous réunit, c’est l’idée que la qualification des intervenants doit s’appuyer sur une articulation des savoirs et expériences élaborés à l’université, dans les centres de formation et sur le terrain professionnel. Toute analyse dans le champ de l’intervention sociale réfère à ce corpus.
Nous avons du mal, pour l’instant, à voir à quel modèle l’Unaforis [Union nationale des associations de formation et de recherche en intervention sociale] veut parvenir. Elle semble hésiter entre une version de haute école très intégrée et assez repliée sur elle-même et une autre plus ouverte aux autres acteurs dont l’université. Nous sommes favorable au second modèle, c’est-à-dire à des partenariats intelligents. Nous menons, ici à Nantes, une expérience très intéressante de collaboration avec l’Arifts [Association régionale des instituts de formation en travail social] Pays-de-la-Loire – avec tronc commun et échanges de locaux – dans le cadre de la délivrance conjointe d’un DEIS, d’un Cafdes (2) et d’un master. De tels rapprochements ont un effet « revitalisant » pour les professionnels formés en les ouvrant à la mobilité dans un secteur où le taux d’usure est important.
Nous rejoignons les conclusions de la conférence de consensus (3) au sens où le travail social ne constitue pas une discipline au regard des critères de la communauté scientifique française. En revanche, nous pensons qu’il faut donner plus de visibilité au travail social comme « objet » de recherche dans l’organisation, la production et la valorisation des recherches. Par ailleurs, nous estimons que la conférence de consensus a mélangé des enjeux épistémologiques – le travail social est-il une science ou une discipline ? – et des enjeux institutionnels – qui peut faire de la recherche ? – alors que le travail social est lui-même débordé sur ses frontières par la question de l’intervention sociale. Cela a nui à la clarté des discussions et il nous semble nécessaire de poursuivre le débat. Pour ma part, je regrette qu’on ne se soit pas demandé s’il existe – et où ? – une demande de recherche dans le champ du social : c’est la condition indispensable pour structurer des équipes de recherche et faire vivre des laboratoires. La recherche est-elle encore un point d’appui de la décision politique et, si oui, quel soutien financier est-on prêt à lui donner ?
Nous n’avons pas été associés à l’équipe de préparation mais le RUFS, en fonction des sollicitations, participera aux débats. Nous espérons entre autres contribuer aux réflexions sur l’adéquation entre l’offre de formation et les besoins de qualification. Les « états généraux » doivent être l’occasion de recalibrer certains diplômes comme le DEIS et le Caferuis (4).
Tous les textes récents relatifs aux diplômes mettent en avant l’idée de renforcer la collaboration universités-centres de formation. Néanmoins, la DGCS a une attitude un peu hésitante à notre égard. Nous aimerions que le RUFS soit consulté de façon plus systématique sur les sujets relatifs aux formations en travail social.
(1) Il est assisté de deux vice-présidents : Marc de Montalembert (université Paris-Est Créteil) et Gisèle Dambuyant-Wargny (IUT de Bobigny, Paris-XIII) –
(2) Respectivement diplôme d’Etat d’ingénierie sociale et certificat d’aptitude aux fonctions de directeur d’établissement ou de service d’intervention sociale.
(3) Voir ASH n° 2816 du 28-06-13, p. 17.
(4) Certificat d’aptitude aux fonctions d’encadrement et de responsable d’unité d’intervention sociale.