On le savait, affecté par la crise, le taux de chômage des jeunes est remonté à partir de 2009. Mais parmi ces jeunes, quels sont ceux qui tirent leur épingle du jeu ? Dans l’édition 2013 de son enquête « Formation et emploi » (1), l’INSEE dresse un panorama des dernières évolutions du système éducatif, de l’insertion des jeunes ainsi que de l’accès des adultes à la formation tout au long de la vie.
Il est des évidences parfois bonnes à rappeler : le diplôme protège toujours du chômage. Ainsi, en 2012, entre un et quatre ans après leur sortie de formation initiale, 47 % des jeunes sans diplôme étaient au chômage contre 10 % des jeunes diplômés du supérieur. Le diplôme continue donc de faciliter l’entrée sur le marché du travail. Parmi les jeunes sans diplôme, les sortants de terminale trouvent plus facilement un emploi que les jeunes ayant arrêté leurs études alors qu’ils préparent un CAP ou un BEP, note l’INSEE. Et ce sont les jeunes sortant de troisième qui ont le taux de chômage le plus élevé. Lorsqu’ils ont un emploi, il est le plus souvent à durée déterminée ou à temps partiel.
« A classe de sortie identique, les non-diplômés issus de milieux défavorisés ou de l’immigration s’insèrent [toujours] plus difficilement », constate encore l’étude. De un à quatre ans après la fin de leur formation initiale, « le taux de chômage des non-diplômés dont l’origine sociale est la moins favorable à la réussite scolaire (père employé, ouvrier ou n’ayant jamais travaillé) est de 49 % en moyenne sur la période 2008-2012 », soit dix points de plus que pour les autres non-diplômés (pères cadres ou chef d’entreprise, professions intermédiaires ou non salariées). De même, le taux de chômage des non-diplômés immigrés ou descendants d’immigrés d’origine non européenne est nettement plus élevé que celui des autres jeunes non issus de l’immigration (55 % contre 43 %). « Une partie de ces écarts s’explique par des différences dans les niveaux scolaires atteints par les non-diplômés à la sortie de la formation initiale », explique l’INSEE, « mais, à niveau [de diplôme] identique, des écarts significatifs demeurent ».
Ces constats sur l’impact de l’origine sociale sont partagés par les chercheurs de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) dans l’enquête PISA (Programme international pour le suivi des acquis des élèves) 2012, qui vient d’être publiée (2). « En France, la corrélation entre le milieu socio-économique et la performance est bien plus marquée que dans la plupart des autres pays de l’OCDE. » « Les élèves issus de l’immigration sont au moins deux fois plus susceptibles de compter parmi les élèves en difficulté », note l’organisation, et ceux issus d’un milieu socio-économique défavorisé obtiennent des résultats nettement inférieurs. Ils sont aussi moins impliqués, moins attachés à leur école, moins persévérants, et beaucoup plus anxieux par rapport à la moyenne des autres pays étudiés, poursuit l’OCDE. Son bilan : « le système éducatif français est plus inégalitaire en 2012 qu’il ne l’était neuf ans auparavant ».
(1) INSEE Références « Formations et Emploi » – Edition 2013 – A paraître sur
(2) France PISA 2012 : faits marquants – OCDE – Disponible. sur