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David Ladet, cofondateur de l’IDEIS : « La critique n’intéresse pas les commanditaires d’ingénierie »

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En 2009, des titulaires du DEIS créent l’association IDEIS afin de promouvoir une ingénierie sociale tournée vers la recherche et l’analyse critique des systèmes. Bilan mi-figue mi-raisin.
Comment est née votre association ?

D’une rencontre entre cinq travailleurs sociaux, éducateurs spécialisés ou assistants sociaux. La formation DEIS-master nous avait montré ce que l’ingénierie sociale pouvait apporter comme plus-value à l’intervention sociale, notamment à travers des travaux de recherche sur des problèmes concrets qui animent le secteur. Nous avions besoin d’un support qui nous permettait de prolonger cet apport, au-delà de nos activités professionnelles du moment. Nous avons donc créé l’association IDEIS (Ingénierie et développement de l’intervention sociale) (1), qui se veut un vecteur de partage des recherches menées sur le terrain, et éventuellement une ressource pour des associations intéressées par une mutualisation des connaissances, voire du conseil.

Quatre ans après, où en êtes-vous ?

Le bilan est un peu décevant. Force est de constater qu’il est difficile d’activer des réseaux sur une dynamique de recherche et d’élaboration d’un regard critique sur les systèmes. Parallèlement, on nous a sollicité pour intervenir sur des dispositifs, mais la finalité des demandes reste opérationnelle : face à un problème, on veut un résultat. Certes, l’ingénierie a toute sa place dans cette équation, sauf que la prospective, le re-questionnement des problématiques sociales et médico-sociales, le développement d’un regard critique sur les organisations n’intéressent pas les commanditaires. Si l’ingénierie est présente aujourd’hui dans les discours, sa traduction reste très différente des principes auxquels nous avons adhéré dans notre formation et que nous défendons. Il y a encore avec l’ingénierie sociale un détour qui semble laborieux à opérer et que l’environnement ne souhaite pas accomplir.

Comment expliquez-vous cette attitude ?

Nous la questionnons depuis quatre ans. On nous fait régulièrement des petites remarques soit au travers de l’association, soit au travers de nos implications respectives, sur une approche universitaire liée au double cursus DEIS-master. Il y a quelque chose qui paraît abstrait dans le positionnement de l’ingénieur social et qui met en défiance nombre de responsables associatifs ou territoriaux sur les solutions que nous pourrions proposer. Certains ont du mal à accepter que soient déconstruites des notions qui n’avaient jamais été interrogées. Pour accepter un regard critique extérieur, il faut déjà être en capacité de porter un regard critique sur son fonctionnement. Peut-être que dans nos secteurs la remise en cause n’est pas évidente.

Existe aussi une différence de fond sur la question du management. Dans le DEIS, nous abordons le management en revisitant les différents courants qui se sont développés dans l’histoire. En revanche, dans une formation comme le Cafdes [certificat d’aptitude aux fonctions de directeur d’établissement ou de service d’intervention sociale], on apprend de façon très pratique à utiliser les outils. Culturellement, les deux approches pourraient être complémentaires, sauf que, pour que la collaboration opère, l’acceptation d’un autre point de vue est nécessaire.

Vos situations ont-elles évolué après le DEIS ?

Nous avons tous accédé à des postes d’encadrement, mais pas réellement en lien direct avec les compétences rattachées au DEIS. Aujourd’hui, il n’existe que très peu de postes de cette nature.

Notes

(1) IDEIS : 5, impasse du Férétra – 31400 Toulouse – Tél . 06 76 29 08 12 – asso.ideis@gmail.com – http://ideis31.wix.com/ideis.

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