Le « collectif des morts de la prison » (1) devait organiser, le 21 novembre, place du Palais-Royal à Paris, une lecture publique des prénoms des personnes décédées en 2013 en détention (104 entre octobre 2012 et octobre 2013), et de témoignages de personnalités. Au-delà de l’action symbolique au nom de la dignité des disparus, le collectif souhaite, au moment de l’élaboration de la future loi de réforme pénale, que ce phénomène qui fait « partie du quotidien du monde carcéral » soit moins négligé par le débat public.
Premier sujet, le plus visible: le suicide, à l’origine d’environ un décès sur deux en détention et dont le taux s’élève à 18 pour 10 000. Depuis le 1er janvier, plus de 73 personnes se sont donné la mort en prison. Régulièrement réaffirmées comme une priorité des politiques pénitentiaires, les actions de prévention ne « parviennent pas à faire véritablement reculer le phénomène », relève le collectif. Il souligne que ce dernier dépasse « largement la question de l’efficacité d’une politique de prévention » : il est intrinsèquement lié aux conditions de la vie carcérale.
Les organisations abordent également la question, moins connue, du vieillissement derrière les murs: « Le nombre de personnes incarcérées de plus de 60 ans a presque doublé durant la dernière décennie, de même que la population carcérale ». En 2008, selon le collectif, leur nombre atteignait 5,1 % de l’ensemble des détenus, contre 3,5 % dans le reste de la population. Parmi les causes de cette évolution : l’allongement des peines. « Il convient de s’interroger sur les perspectives offertes aux personnes âgées qui ont passé et/ou qui vont passer encore de nombreuses années en détention, et pour qui l’idée de mort en prison prend toute sa réalité. »
Les organisations rappellent également la fragilité psychiatrique de nombreuses personnes incarcérées : 40 % présentent un syndrome dépressif selon un rapport sénatorial de 2010 (2). Elles invitent encore à une meilleure prise en compte de l’entourage du défunt, alors que, trop souvent, « les lourdeurs administratives l’emportent sur l’humain ».
(1) La Farapej, le Genepi et le Secours catholique, avec le collectif Les morts de la rue, Emmaüs France, la Cimade, l’Observatoire international des prisons, l’association David et Jonathan, Les petits frères des pauvres.
(2) Voir ASH n° 2659 du 14-05-10, p. 21.