Jean Larive a rencontré Mariana par hasard, alors qu’il faisait un reportage photographique dans un campement de Roms. Ledit campement fut démantelé manu militari. Etre évacué est un traumatisme pour toute personne. Quand, en plus, on est en chaise roulante et aveugle, c’est abominable. C’est pourtant le cas de Mariana, 24 ans, arrivée en France en décembre 2011. Depuis qu’une tumeur cérébrale, il y a quatre ans, lui a fait perdre la vue et laissé ses muscles atrophiés, elle vit dans un état d’absolue dépendance de sa famille. A sa maladie s’est ajoutée une perte de confiance – elle ne s’autorise plus à faire quoi que ce soit par elle-même. Mariana est très pieuse et espère un miracle. Ses proches ont quitté la Roumanie dans l’espoir que les médecins français puissent l’aider. C’est Jean Larive qui leur a donné l’adresse d’un praticien. Il était convenu avec la famille qu’il prendrait des clichés de toute cette aventure pour que Mariana les voie le jour où elle serait guérie. Mais le verdict médical est sans appel : elle ne reverra pas. Ces photos ne seront donc pas pour elle, mais pour tous. Elles sont en ligne et viennent de recevoir la mention spéciale « AFPA » du prix 2013 de l’Association des journalistes de l’information sociale (AJIS). On y voit la jeune femme emmitouflée sous un amas de couvertures, sous la tente où, allongée, elle passe la plupart de ses journées. Elle apparaît aussi poussée par ses frères sur le bord de la route, avec tous leurs effets personnels. Puis avec ses parents dans ses rendez-vous à l’hôpital ou à la préfecture, mois après mois. Si sa famille rencontre de nombreuses difficultés – linguistiques, juridiques et policières – , elle est toujours bien accueillie dans les services sociaux. Reste que la situation de Mariana n’a pas évolué. A un moment donné, elle et les membres de sa famille ont pu être hébergés dans un hôtel mais, depuis, leur titre de séjour n’a pas été renouvelé et ils sont retournés vivre dans une caravane installée à Ivry-sur-Seine (Val-de-Marne). Et Jean Larive, ancien professeur de philosophie devenu photographe empathique, continue de les suivre pour témoigner de leur situation.
Mariana, un handicap roumain