Que faire face à des foyers de jeunes travailleurs (FJT) vieillissants ? D’abord agir sur le bâti. En 1989, puis en 2005, des accords-cadres signés avec l’Etat et la Caisse des dépôts et consignations ont permis de construire et de réhabiliter plusieurs milliers de logements. Fin 2010, un nouvel accord-cadre impliquant également Action Logement (regroupement des collecteurs du 1 % logement) a pris le relais, complété par des conventions avec la caisse nationale des allocations familiales et l’Union sociale pour l’habitat. « Nous nous battons pour que nos structures soient placées dans des lieux accessibles et valorisants pour éviter la stigmatisation, mais aussi pour qu’elles soient rénovées et s’adaptent à l’évolution des demandes des jeunes – avec, par exemple, le choix entre un service de restauration collective, des cuisines d’étage pour cuisiner avec d’autres et des kitchenettes dans leur espace privé », explique Nadine Dussert, directrice de l’Union nationale pour l’habitat des jeunes (UNHAJ). Aujourd’hui, la plupart des logements possèdent sanitaires et cuisines individuels et n’ont plus rien à envier au parc privé.
Deuxième axe, également soutenu par les accords-cadres : la diversification des logements. Objectif : s’accorder aux parcours résidentiels multiformes des jeunes et aux territoires. A côté des FJT, qui accueillent 90 000 jeunes par an, se sont développés d’autres logements collectifs comme des mini-résidences dans les petites villes et en milieu rural. C’est le cas dans les Deux-Sèvres, où les villes des Pays mellois et Haut-Val-de-Sèvres n’ont pas plus de 10 000 habitants. A la suite d’une réflexion impliquant les acteurs locaux, l’association « Toits etc. » a opté pour des appartements individuels répartis dans sept maisons au cœur des centres-villes des deux communautés de communes. « Les jeunes y sont libres de leurs mouvements, mais cette formule nous oblige à penser différemment la question du collectif », explique Olivier Trouillon, animateur au sein de l’association, qui met du coup l’accent sur des instances formelles (comme les comités de résidents) et des projets de groupe. Une offre en diffus, dispersée sur le territoire, a également vu le jour sous la forme de foyers-soleil (composés de logements individuels ou partagés, équipés, situés à côté d’un FJT), ou de logements du parc public ou privé. Dans ces derniers, le jeune bénéficie parfois d’une intermédiation locative qui le prépare, grâce à un accompagnement socio-éducatif, à gérer de façon autonome son logement : après une période de sous-location, le bail glisse de l’association vers le jeune, qui devient locataire à part entière.
Au total, le réseau Habitats Jeunes propose 50 000 logements (40 000 en FJT, 10 000 en diffus) constitués en majorité de studios et de T1. Les associations développent aussi des T2 et T3 destinés à être des « logements partagés » (colocations aménagées avec sanitaires individualisés et espace de vie central pour les jeunes en apprentissage et en alternance qui ont parfois besoin d’une double, voire d’une triple résidence) ou des logements pour des couples ou des familles avec enfants. « Les jeunes qui bénéficient de l’un ou l’autre de ces logements ont l’avantage de profiter du “vaisseau amiral” que constitue le FJT avec sa restauration collective, ses animations, sa convivialité», précise Nadine Dusse rt.
Troisième voie : les FJT ont peu à peu développé des services « Habitats Jeunes » qui regroupent services logements et comités locaux pour le logement autonome des jeunes. Apparus dans les années 1980 sous l’appellation « mutuelles pour le logement des jeunes », ils sont près de 130, en général accolés à un FJT. A l’interface de l’offre et de la demande de logement, ils accueillent, informent, orientent et accompagnent les jeunes en recherche de logement.