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Très loin des cartes postales

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« Etre près de ceux qui sont loin de tout » est la devise du Secours catholique. Parmi ceux-là, il y a les personnes pauvres qui vivent à la campagne. « Cachée, invisible, dans un contexte géographique où l’habitat est dispersé, la précarité en milieu rural est une réalité souvent passée sous silence », pointe l’association, qui a demandé à cinq photographes de l’agence Myop d’aller à la rencontre de ces individus « oubliés ». A Lionel Charrier, Alain Keler, Pierre Hybre, Olivier Jobard et Ulrich Lebeuf de donner un visage à cette précarité. Ils avaient le choix de leur sujet et de la région qu’ils allaient représenter. Le reportage des deux premiers s’intitule La diagonale du vide. Ils ont traversé des zones particulièrement touchées par l’exode rural, de Givet (Ardennes) à Arreau (Hautes-Pyrénées) ! « On est sortis de l’autoroute, on a pris une petite route et on est tombés sur des situations très rudes, un monde très éloigné de celui des cartes postales de la campagne française », témoigne Lionel Charrier, que cette précarité a beaucoup choqué : en Champagne, Marie, postière et mère célibataire, n’arrive pas à joindre les deux bouts ; dans le Cantal, Jean-Pierre, agriculteur célibataire, travaille sans relâche 365 ? jours par an ; dans les Landes, Jean-Marie vit depuis vingt-cinq ans en caravane près d’un étang, mais est menacé d’expulsion.

Pour développer son documentaire, Pierre Hybre a choisi, quant à lui, Saint-Girons, modeste ville rurale de 6 ? 000 ? ha­bitants des Pyrénées ariégeoises. Là, « tout en bas de la France », il a croisé un ensemble hétérogène de personnes en situation de précarité : des victimes du manque de travail, de l’isolement, des jeunes issus du monde rural sans qualification, des familles entières vivant du revenu de solidarité active. « La marginalité est largement tolérée par la population locale, et la ville attire un nombre important de marginaux et de sans-domicile fixe », note le photographe. Olivier Jobard avait, pour sa part, envie de parler des saisonniers venus d’Amérique latine. Il a changé son fusil d’épaule quand il a rencontré Ester et Armando Molinares, un couple d’Espagnols ayant subi de plein fouet la crise économique ibérique. Expulsés avec leurs deux adolescents de leur domicile, ils ont dû s’installer chez leurs parents. Cinq mois par an, ils viennent en France le temps des récoltes. Là, dans la Drôme, ils dorment dans leur camionnette. Le photographe a capturé leurs petites et grandes misères quotidiennes.

Les photos noir et blanc de la série La vallée des oubliés d’Ulrich Lebeuf transpirent la misère. Il a mené un travail ­d’enquête dans la Somme, avant de rencontrer une famille dont les trois générations sont au chômage et dont plusieurs membres ont sombré dans l’alcool, puis les drogues dures. « J’étais parti pour un reportage sur la désertification médicale dans le Nord, et ce sujet sur le crack, l’héroïne et la méthadone s’est offert à moi », raconte l’artiste. Les individus qui ont accepté de montrer leur visage et leurs conditions de vie pour l’exposition itinérante Oubliés de nos campagnes cumulent les difficultés. Recueillis en format audio par les photo­graphes, leurs témoignages accompagne­ront la centaine de photos présentées.

Oubliés de nos campagnes

Du 20 novembre au 1er décembre, au Point éphémère – 200, quai de Valmy, Paris Xe – Puis en circulation en province – Infos sur www.oubliesdenoscampagnes.org

Culture

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