Le concept d’enfant « parentifié » évoque un enfant très ou trop responsable pour son âge. Mais il faut préciser de quelles responsabilités il s’agit pour distinguer la « parentification » d’autres notions pour partie semblables, telles que la « parentalisation » et l’« adultisation », explique Stéphanie Haxhe, psychologue dans un service de guidance parentale. La spécificité de la parentification est que les responsabilités attribuées à l’enfant sont des responsabilités relationnelles. « La demande du parent est que l’enfant soit un bon parent pour lui », souligne la clinicienne. Cela ne signifie pas forcément que, dans les faits, le parent se mette en position d’enfant, comme dans la forme de parentification la plus connue, celle de l’enfant soignant qui prend soin de son parent fragile. Il existe d’autres types de parentification où le parent n’est pas en situation de dépendance effective par rapport à son enfant. En revanche, il l’est toujours affectivement. En ce qui concerne la parentalisation, les responsabilités endossées par l’enfant sont instrumentales : l’enfant constitue un auxiliaire de son parent, chargé de lui apporter une aide substantielle. Quant à l’enfant « adultisé », sa responsabilité est de se prendre en charge lui-même, les parents attendant de l’intéressé qu’il soit rapidement autonome. Dans ces deux dernières situations, les besoins de l’enfant en tant qu’enfant (protection, soutien, écoute, etc.) sont pris en compte, au moins partiellement. A contrario, dans la parentification, l’enfant, comme tout « bon parent », donne priorité aux besoins de son parent. Les siens sont mis entre parenthèses.
L’enfant parentifié et sa famille
Stéphanie Haxhe – Ed. érès – 23 €