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« Les ESAT et les EA sont des entreprises comme les autres »

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Afin de faciliter l’accès et le maintien dans l’emploi des personnes handicapées, l’Association des paralysés de France (APF) a créé un réseau de travail adapté et protégé, APF Entreprises. Ce dernier « a doublé son chiffre d’affaires en trois ans », se félicite Michel Jeanbille, son directeur (1).
Qu’est-ce qu’APF Entreprises ?

A la base, l’Association des paralysés de France comptait 23 entreprises adaptées (EA) et 25 établissements et services d’aide par le travail (ESAT) qui travaillaient indépendamment les uns des autres. En 2008, nous avons décidé de les rassembler autour d’un projet commun, sur un mode de fonctionnement collaboratif, afin de proposer une offre globale aux clients. Les 3 700 salariés et usagers – dont 3 000 sont handicapés moteurs ou polyhandicapés – sont désormais réunis sous l’entité APF Entreprises, qui propose une palette d’activités, des services administratifs au conditionnement en passant par l’électronique et l’électrotechnique ou les métiers de l’environnement. Et « chasser en meute » a bien fonctionné ! Nous avons non seulement étendu notre nombre de clients – parmi lesquels 50 % de grands comptes (contre 30 % auparavant) comme Schneider Electric, Groupama, GDF Suez ou ERDF – mais aussi multiplié notre chiffre d’affaires : 16 % d’augmentation la première année, 13 % la deuxième, 12 % la troisième. Celui-ci s’élève environ à 60 millions d’euros pour 3 000 clients. APF Entreprises est devenu le premier réseau d’entreprises de travail adapté et protégé. Surtout, nous avons créé 300 emplois nets en trois ans et une nouvelle EA à Marseille.

Comment expliquez-vous cette réussite en période de crise ?

Nous avons recruté de nouvelles compétences et réparti 39 commerciaux sur toute la France. Pour s’adapter à l’évolution du marché, nous proposons de plus en plus de prestations dans le secteur tertiaire – sans abandonner l’industrie pour autant. Enfin, nous avons misé sur la communication, à la fois pour nous faire connaître et pour changer la mauvaise image que peuvent avoir les structures employant majoritairement des travailleurs handicapés. Trop de clients potentiels ignorent la qualité des prestations des ESAT et des EA. Ils sont désormais plus nombreux à avoir dépassé leurs a priori et à reconnaître qu’il s’agit d’entreprises comme les autres et qu’une personne en situation de handicap est d’abord un salarié compétent. Mais avoir doublé notre chiffre d’affaires ne signifie pas que nous avons « gagné » sur le terrain de l’emploi des personnes en situation de handicap. Le pays compte encore 400 000 personnes handicapées au chômage, soit 22 % d’entre elles – le double de la moyenne française. Le quota de 6 % de travailleurs handicapés dans les entreprises d’au moins 20 salariés n’est toujours pas atteint alors qu’il a été imposé en 1987 (2) !

Quels sont les défis à relever ?

APF Entreprises connaît cette année une croissance d’environ 5 %. 2014 devrait suivre la même tendance. C’est plus qu’honorable même si cette croissance est mise à mal par le projet de loi de finances qui n’intègre pas les 1 000 aides au poste qui devaient être attribuées aux entreprises adaptées d’après le contrat triennal 2012-2014 (3). Cela se traduit pour nous par 1 000 emplois « perdus » – alors même qu’il y a des besoins. Ce secteur reste éminemment fragile, il ne faut pas se leurrer. Nous espérons négocier avec le gouvernement un nouveau plan à partir de 2015 et au-delà.

Par ailleurs, nous profitons de la renommée de l’Association des paralysés de France pour produire des produits propres, originaux. Il faut trouver des idées, fabriquer de nouvelles créations et les commercialiser. Nous venons de lancer deux innovations : un brasseur de compost et le « Ty coin vert » qui sont des toilettes sèches. Enfin, nous souhaitons créer de nouveaux partenariats et étendre notre couverture géographique, notamment dans les régions de Toulouse et Bordeaux.

Notes

(1) www.apf-entreprises.fr.

(2) Selon la direction de l’animation de la recherche, des études et des statistiques (DARES), il n’est que de 3,5 %.

(3) Voir ASH n° 2829 du 18-10-13, p. 47.

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