Une enquête nationale de la CFDT Santé-sociaux (1) menée auprès des stagiaires des professions sociales et sanitaires a l’intérêt de replacer la question de la gratification dans le cadre plus général de la précarité que connaissent bon nombre d’étudiants. Et, de mettre en évidence, au vu de la modestie des sommes en jeu (436,05 € par mois de stage), le côté irrationnel de l’attitude des pouvoirs publics. A partir des réponses recueillies en septembre-octobre 2012 auprès de 6 890 étudiants en formation d’éducateurs spécialisés, de moniteurs-éducateurs, d’aides médico-psychologiques, d’infirmiers et d’aides-soignants, la fédération montre les difficultés auxquelles ils sont confrontés.
Tout d’abord, 13, 5 % des stagiaires comptent sur les gratifications pour subvenir à leurs besoins. Ce qui n’empêche pas que 22 % ont déjà renoncé d’eux-mêmes à son versement afin de pouvoir obtenir un stage. Un comble quand 87 % d’entre eux expliquent que celui-ci entraîne des frais supplémentaires. La fédération se dit d’ailleurs déterminée à faire en sorte que dans les entreprises ou elle est présente, une ligne budgétaire spécifique pour la gratification soit négociée auprès des autorités de tarification. Les stagiaires ne sont en effet que 31,5 % à pouvoir compter sur leurs parents pour financer leurs études. 33,8 % sont, par ailleurs, boursiers. 43,4 % relèvent de la formation professionnelle ou des Assedic. 8 % indiquent travailler à côté de leur formation.
Pour 47,4 % des étudiants, le choix des stages n’est « jamais » en lien avec le projet professionnel. Seuls 5 % disent qu’il l’est « souvent ». Ce qui s’explique en partie par le désengagement des terrains d’accueil. Le déroulement des stages n’est pas non plus exempt de certaines dérives dans les activités confiées à ses bénéficiaires. L’ONES (Organisation nationale des éducateurs spécialisés) les avait déjà dénoncées. La CFDT enfonce le clou en relevant que 21 % des personnes ont déjà procédé à des actes non autorisés par leur statut de stagiaire. Elle se dit décidée à défendre ce dernier au sein des instances représentatives du personnel des entreprises et à informer les étudiants sur les risques encourus. Néanmoins, d’une façon générale, « l’accueil en stage n’est pas problématique » pour les personnes interrogées, même si « des améliorations sont à apporter pour l’élaboration des livrets d’accueil et le nombre de stagiaires reçus en même temps sur un terrain de stage ».
L’enquête relève également les difficultés liées aux contraintes locatives. 30,5 % seulement des personnes sont hébergées chez leurs parents et les autres ont, dans leur majorité, un logement hors du parc étudiant – ils ne sont que 5,5 % à avoir une place en résidence universitaire. La fédération demande, pour sa part, que des offres de logement de courte durée, accompagnées de durées de préavis adaptées, soient proposées à ce public. Enfin, sans surprise, 35 % des stagiaires renoncent parfois et/ou souvent aux soins médicaux pour des raisons financières. 61 % ne bénéficient pas d’une mutuelle personnelle.
(1) « Enquête nationale Santé-sociaux » – Disp. sur