Au moment où la démarche des diagnostics « à 360° » – qui doivent permettre d’adapter les réponses aux besoins des personnes sans abri et mal logées –, commence à se mettre en œuvre dans les territoires, la Fnars (Fédération nationale des associations d’accueil et de réinsertion sociale) diffuse les résultats du rapport 2012 de l’observatoire du 115. Conforme aux baromètres rendus publics tout au long de l’année, cette rétrospective sur un an témoigne « du chemin qu’il reste à parcourir pour mettre en œuvre l’engagement du gouvernement de mettre fin à la gestion au thermomètre », souligne-t-elle.
Effet conjugué de la crise économique et des flux migratoires, les demandes d’hébergement au numéro d’appel d’urgence ont augmenté de 30 % entre janvier et décembre 2012 dans les 37 départements observés (hors Paris). Si les proportions varient d’un territoire à l’autre, le constat global est préoccupant : 64 % des demandes n’ont pas donné lieu à un hébergement, principalement faute de place. Et, en un an, l’absence d’attribution a augmenté de 41 %. Preuve de la poursuite d’une régulation « au thermomètre », le nombre d’attributions a été plus élevé en février (62 %), lors du déclenchement des plans « grand froid ».
Le rapport annuel met également l’accent sur la hausse des demandes de familles, parmi les personnes qui sollicitent le 115. Pour la première fois, elles sont les plus nombreuses : elles représentent 46 % des demandes, contre 37 %?pour les hommes seuls, 9 %pour les femmes seules, 6 % pour les couples sans enfant et 3 % pour les groupes d’adultes sans enfants. Entre janvier et décembre, les appels de familles ont progressé de 48 %, soit plus de 10 000 demandes supplémentaires. La FNARS explique cette explosion par les phénomènes migratoires, l’inadaptation du parc d’hébergement qui entraîne la multiplication des requêtes face au manque de solutions proposées, mais aussi par les conséquences de la crise : « Sur certains territoires, les 115 observent une augmentation des demandes de familles expulsées de leur logement pour défaut de paiement de loyers et qui pour certaines sont reconnues au titre du DALO. » Les familles sont celles qui sont le plus touchées par le manque de places : leurs sollicitations représentent 52 % de celles qui n’ont pas donné lieu à un hébergement (+ 53 % de janvier à décembre).
Le constat est, encore une fois, sans appel : « Le 115 ne peut plus remplir ses missions d’urgence sociale. » Le principe d’inconditionnalité n’est pas respecté : « L’absence de disponibilité aboutit à une sélection des publics. » Avec les familles, les femmes, les jeunes et les personnes de nationalité étrangère sont moins bien hébergés que les hommes seuls isolés. Les réponses sont de surcroît de courte durée, inadaptées et ne favorisent pas l’accès à des solutions durables. Dans 58 % des cas, les familles sont hébergées à l’hôtel, une solution de mise à l’abri qui n’offre pas d’accompagnement et les laisse dans des situations « qui entretiennent leur précarité ».