Comment faire comprendre le monde visible à un aveugle ? Pionnières en matière d’instruction en autonomie dans la vie journalière (AVJ) d’enfants et d’adultes déficients visuels, Josiane Heyraud et Christianne Almendros (aujourd’hui décédée) présentent le « beau métier d’“avéjiste” » – mot que Christianne Almendros ambitionnait de faire admettre par l’Académie française. L’AVJ est un maillon-clé de l’accompagnement des personnes déficientes visuelles, dont la conquête de l’autonomie passe également par l’apprentissage de la locomotion, la rééducation basse vision et l’acquisition du braille et de l’informatique spécialisée. Enfants nés aveugles ou adultes aveugles tardifs : l’âge de survenue du handicap est évidemment important, en raison de la présence, ou pas, d’acquis visuels. Les tout-petits devront multiplier les expérimentations multisensorielles pour découvrir et s’approprier l’espace environnant, puis apprendre à s’habiller, à faire leur toilette, à lacer leurs chaussures et à remplir un bol de lait chaud. Les personnes tardivement aveugles, peuvent, en revanche, s’appuyer sur un réservoir de souvenirs, mais il leur faut entraîner différemment leur mémoire musculaire pour l’adapter aux diverses situations et parvenir à une nouvelle maîtrise du quotidien. Retrouver confiance en soi quand sa vie est totalement déstabilisée par la perte de la vision engendre souvent beaucoup de souffrance, ce qui rend la prise en charge des adultes délicate. Pour autant, les avéjistes ne sont surtout pas des « mécanothérapeutes », insiste Josiane Heyraud, soulignant la nécessité de s’adapter à la problématique de chacun.
L’accompagnement au quotidien des personnes déficientes visuelles
Josiane Heyraud et Christianne Almendros – Ed. érès – 14 €