En mai 2005, le milliardaire Warren Buffett déclarait sur CNN : « Il y a une guerre des classes, où ma classe gagne de plus en plus, alors qu’elle ne le devrait pas. » Cette guerre des classes qui ne dit pas son nom, Michel Pinçon et Monique Pinçon-Charlot entendent la dénoncer dans leur ouvrage La violence des riches. Spécialistes de la bourgeoisie et des grandes fortunes, ces deux sociologues proposent ici non une enquête scientifique, mais, selon leur propre expression, la « chronique d’une immense casse sociale ». Et ils ne lésinent pas sur les formules ! « Une nouvelle aristocratie s’est constituée à partir de l’emballement de la finance. […] Cette noblesse oligarchique a pris le contrôle de l’essentiel des forces politiques, à droite comme à gauche », martèlent-ils. Car leur propos est d’exposer au grand jour les mécanismes de domination, tant économiques que psychologiques, mis en œuvre par les riches pour maintenir leurs positions. « La classe dominante tente par tous les moyens, idéologiques, politiques et médiatiques, de transformer en ennemis les agents sociaux les plus pauvres, les plus déstabilisés par la précarisation du travail », affirment-ils, dénonçant notamment le rôle du Parti socialiste dans la montée en puissance de la mondialisation libérale. Habité par une saine colère, cet ouvrage à la fois documenté et engagé éclaire avec force le débat sur la crise actuelle et ses ressorts. On reste cependant un peu sur sa faim quand les auteurs annoncent vouloir « faire rendre raison à ce système économico-politique qui a fait son temps ». Pour quel modèle de société ? La question est posée…
La violence des riches
Michel Pinçon et Monique Pinçon-Charlot – Ed. La Découverte, label « Zones » – 17 €