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Le droit au désir

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Brune à boucles souples portant une flopée de bracelets multicolores qui s’entrechoquent, Gabrielle est ­toujours souriante – sauf quand on l’empêche d’être avec Martin, l’homme qu’elle aime. Gabrielle a 22 ans. Comme son chum (1), elle fait partie des Muses de Montréal, une chorale entièrement composée de personnes handicapées intellectuelles. Elle vit en établissement la semaine et rentre chez sa sœur aînée le week-end. Celle-ci couve sa cadette, tout en l’aidant à gagner en indépendance. Elle est, par exemple, tout à fait ouverte à ce que sa sœur ait des relations sexuelles avec son petit ami. Ce qui n’est pas le cas de la famille du jeune homme, qui retire Martin de la chorale le jour où il est surpris torse nu dans la chambre de Gabrielle. Comment, dès lors, pourront-ils vivre leur amour ? La réali­satrice Louise Archambault a passé beaucoup de temps dans des résidences pour personnes handicapées mentales ; elle a aussi côtoyé pendant un an les artistes de la compagnie des Muses – ce qui a guidé l’écriture du scénario de Gabrielle. Une fiction qui s’apparente par bien des aspects à un documentaire, si bien que l’on s’y perd : Gabrielle n’est-elle pas incarnée par Gabrielle Marion-Rivard, atteinte du syndrome de Williams ? « Les producteurs et moi-même avons conclu qu’une comédienne professionnelle n’aurait probablement pas la même authenticité ni le même naturel : le rôle était pour elle », souligne Louise Archambault. Les véritables parents de Gabrielle exercent la même profession que ceux du film et la troupe de choristes Les Muses existe réellement. « Un groupe unique, charismatique et très doué en chant » que la réalisatrice a filmé durant ses répétitions. Un seul comédien, Alexandre Landry, n’est pas handicapé. Il a reçu le prix du meilleur acteur au Festival du film francophone d’Angoulême pour le rôle délicat de Martin. Alors que le sujet des amours entre personnes handicapées physiques ou mentales commence à devenir classique au cinéma comme dans la littérature, Louise Archambault arrive encore à troubler. Son film est risqué, d’autant que les scènes d’intimité apparaissent presque en intégralité. « L’idée était de montrer le désir et l’amour à l’écran, d’un point de vue sensoriel, fébrile et peut-être sensuel, mais pas sexuel, ni cru », assure-t-elle. Son œuvre parle avant tout du manque de liberté des handicapés intellectuels dont le quotidien est en grande majorité géré par leur famille et les intervenants sociaux et médicaux, « alors qu’ils ont les mêmes désirs et émotions que tout le monde ». La cinéaste a choisi la musique et le chant choral pour traduire ces besoins, et cela donne toute son intensité au film. Et si l’émotion est à ce point présente tout au long de cette histoire d’amour, les beaux refrains de Robert Charlebois n’y sont pas pour rien.

Gabrielle

Louise Archambault – 1 h 44 – Sortie le 16 octobre

Notes

(1) En québécois, « ami » ou « amoureux ».

Culture

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