Comment passe-t-on de la fonction de conseiller en économie sociale et familiale (CESF) à celle d’encadrant ? Pour répondre à cette question, Marina Mauduit, directrice d’établissement médico-social, secrétaire de l’Association française pour les formations universitaires et supérieures en travail social, a réalisé une enquête auprès de 21 cadres issus du terrain (19 femmes et 2 hommes). Ces CESF, qui ont très majoritairement commencé à exercer entre 20 et 24 ans, avaient dans 30 % des cas moins de 30 ans lors de leur prise de poste de cadre et, pour 60 % d’entre eux, entre 30 et 39 ans. Expression d’une « ambition silencieuse », éventuellement inconsciente, voire refoulée, le passage à l’encadrement apparaît néanmoins essentiellement comme un acte volontaire. Les intéressé(e)s ont postulé ou saisi la balle au bond : il y avait une opportunité à ne pas laisser passer. Mais endosser les habits de l’emploi ne se fait pas du jour au lendemain : plus de la moitié des cadres ont choisi de suivre parallèlement une formation diplômante afin d’incorporer peu à peu leur nouveau rôle. Un tiers des enquêtés se sont par ailleurs organisés pour « faire un deuil progressif du terrain, en ne délaissant pas ce dernier pendant quelques mois ». De fait, il semble problématique de se retrouver cadre intermédiaire sans formation adaptée, laquelle « manque cruellement », commente l’auteure. Cette difficulté de passage entre deux états n’empêche pas les cadres d’apprécier leurs nouvelles marges de liberté et le pouvoir qu’ils ont désormais de décider – malgré une forme de solitude unanimement déplorée, qui paraît indissociable du changement de statut.
Conseillers en économie sociale et familiale. Devenir cadre : une ambition silencieuse
Marina Mauduit – Ed. L’Harmattan – 18 €