Alors que le gouvernement table sur un nombre de 100 000 emplois d’avenir embauchés à la fin de l’année, où en est la branche associative sanitaire, sociale et médico-sociale dans la mise en œuvre du dispositif ? Celui-ci avait fait l’objet, en décembre dernier, d’une convention-cadre entre l’Etat et l’Unifed (Union des fédérations et syndicats nationaux d’employeurs sans but lucratif du secteur sanitaire, médico-social et social), selon laquelle l’OPCA de la branche, Unifaf, doit réserver, « dès 2013, 5 millions d’euros sur ses ressources propres pour les salariés en emploi d’avenir ».
L’OPCA, qui a sondé ses adhérents en juillet dernier (1), vient de livrer ses premiers constats, « confirmant l’appropriation de la mesure dans les associations de plus de 50 salariés relevant principalement des secteurs de personnes âgées et handicapées ». Selon son enquête, 1 100 associations, soit 14 %, avaient déjà, début juillet, recruté des emplois d’avenir – deux postes en moyenne. Signe d’une montée en charge progressive, 5 % l’ont fait dès 2012, 53 % entre janvier et mai 2013 et 41 % entre juin et début juillet. 2 500 employeurs (35 %) envisageaient de recruter dans les 12 prochains mois.
Deuxième observation : le recours au dispositif dépend de la taille des associations. Les structures de plus de 250 salariés et celles comprises entre 50 et 250 salariés représentent respectivement 35 % et 27 % des recruteurs. Par ailleurs, les embauches se concentrent sur certaines activités : 23 % des structures du secteur des personnes âgées et 20 % de celui des personnes handicapées ont déclaré avoir déjà recruté un emploi d’avenir au moment de l’enquête. En revanche, une partie du secteur sanitaire, les structures intervenant dans la protection de l’enfance et les très petites associations semblaient plus réservées sur l’intérêt du dispositif. « L’absence ou le faible niveau de qualification des jeunes concernés par la mesure, la lourdeur des démarches administratives et les interrogations sur l’obligation de formation associée au dispositif figurent parmi les principales raisons invoquées par les non-utilisateurs. »
Qui sont les jeunes embauchés en emploi d’avenir ? Sans surprise au vu des effectifs du secteur, 70 % sont des femmes. La majorité (69 %) ont un niveau d’études inférieur au bac et 26 % n’ont aucun diplôme. 48 % ont été recrutés sur une fonction support ou administrative (agent de service, d’accueil, d’entretien, secrétaire…), 33 % dans la filière éducative (animateur, aide médico-psychologique…). Parmi les 90 % de contrats à durée déterminée, 51 % ont une durée de trois ans. Mais 40 % des employeurs déclarent « vouloir confirmer le jeune dans ses fonctions au-delà de ce premier contrat ». Une proportion non négligeable (30 %) correspond à des remplacements.
Qu’en est-il de la formation, point central du dispositif ? 13 % des répondants, qui ont embauché un emploi d’avenir, identifient la définition du parcours de formation comme une difficulté. Néanmoins, la formation concernait, au moment de l’enquête, 73 % des jeunes recrutés. Parmi eux, 43 % étaient inscrits dans un parcours diplômant tourné vers les métiers du soin et de l’accompagnement (aide médico-psychologique, aide-soignant, auxiliaire de puériculture…), 36 % suivaient une formation d’adaptation au poste (informatique, entretien…), 21 % étaient inscrits dans un cycle de remise à niveau ou d’acquisition des savoirs de base. L’étude relève également que les tuteurs sont en majorité formés (33 %) ou vont l’être (57 %), « avec, à la clé pour l’OPCA, la question de la mise en place effective d’une organisation apprenante dans les établissements ».
Pour Unifaf, « ces résultats confirment la nécessité de poursuivre le travail d’information et de conseil mené auprès de ses adhérents, avec l’appui de ses partenaires (missions locales, Pôle emploi, organismes de formation) », afin qu’ils identifient mieux les prestations qu’il propose (aide à la formalisation des besoins, financement de la formation dans le cadre d’une préparation opérationnelle à l’emploi, définition du parcours de formation, mobilisation du dispositif tutoral de branche, examen des suites à donner au parcours…). L’OPCA, qui estime que l’assouplissement du dispositif et le renforcement du financement pourraient lever les réticences de certains employeurs, continue de tabler sur une « perspective de près de 8 000 emplois d’avenir fin 2014 ».
(1) Enquête téléphonique conduite entre le 10 et le 17 juillet auprès de 604 structures associatives adhérentes à Unifaf et représentatives de l’ensemble des adhérents.