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Mieux prévenir le suicide des âgés : les propositions du Comité de bientraitance

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Elles seront reprises dans un plan dédié qui sera intégré au futur projet de loi sur l’adaptation de la société au vieillissement, a assuré Michèle Delaunay.

Le 8 octobre, le Comité national pour la bientraitance et les droits des personnes âgées et des personnes handicapées (CNBD) a remis ses préconisations à la ministre déléguée chargée des personnes âgées en vue de lutter contre le suicide des âgés. Des préconisations qui, « dans les prochains mois », fonderont un plan dédié intégré au volet « prévention » du futur projet de loi relatif à l’adaptation de la société au vieillissement, a assuré Michèle Delaunay.

L’information du public

Dans un premier temps, le comité préconise de sensibiliser le grand public au concept du « bien vieillir » : au niveau national via une campagne d’information et, au niveau local, via des brochures proposées par le conseil général ou l’agence régionale de santé (ARS) qui pourraient être mises « à disposition du grand public à l’accueil des services publics et associatifs intervenant dans le secteur gérontologique ». Au-delà, estime-t-il, il convient de « développer des programmes délivrant des informations permettant aux personnes âgées, dès 65 ans, de mieux gérer les situations de crise ou de transition », telles que le départ à la retraite « et la perte de rôle social inhérent ». Le CNBD invite ainsi les pouvoirs publics à préconiser, dans le cadre des stages de préparation à la retraite et dans l’accompagnement au départ à la retraite mis en place par les directeurs des ressources humaines, un renforcement de la sensibilisation au risque de perte de lien social et d’accentuation de la solitude. « L’annonce du diagnostic d’une maladie sévère ou de son aggravation éventuelle chez un patient âgé est un second exemple de situation de crise qui impose de mettre en place un dispositif de soutien et de prévention », estime le comité.

La formation des professionnels et des bénévoles

Parallèlement, le CNBD considère qu’il faut améliorer la formation initiale et continue pour tous les intervenants auprès des personnes âgées. Il suggère ainsi de « garantir une formation de qualité sur les questions de la souffrance psychique et du suicide des personnes âgées, des facteurs de risque, des conduites à tenir en situation de crise, etc., pour les professionnels du secteur gérontologique ». Il faut aussi, selon le comité, « renforcer, dans toutes les régions, les programmes de formation pluridisciplinaire et transversale visant au repérage de la crise suicidaire et à la prise en charge des endeuillés après suicide, afin d’améliorer les compétences des professionnels et des bénévoles des institutions sanitaires et sociales et des associations ». Des actions qui, en ce qui concerne les bénévoles, entreront dans le cadre du programme Monalisa (Mobilisation nationale de lutte contre l’isolement des personnes âgées) (1). Le CNBD propose enfin d’organiser la formation des personnels exerçant à domicile et en établissement pour dépister les troubles de l’humeur et les risques suicidaires.

La structuration des dispositifs de prévention et de postvention

Pour le comité, il est aussi nécessaire de valoriser les actions déjà existantes et de structurer les dispositifs de prévention du suicide des personnes âgées et de postvention (mesures à prendre à la suite d’un suicide) sur l’ensemble du territoire. Pour cela, les ARS, en lien avec les conseils généraux, devraient dresser un état des lieux des dispositifs en cours et en élaborer une cartographie. Pour les territoires qui en sont dépourvus, un appel d’offres pourrait alors être lancé afin d’y mettre en place des actions repérées comme pertinentes dans d’autres territoires.

Dans tous les cas, le CNBD estime que ces dispositifs de prévention et de postvention doivent intégrer un schéma d’organisation se fondant sur quatre niveaux d’actions. Le premier d’entre eux consiste en l’identification de trois niveaux d’alerte : les personnes qui ont un rôle d’alerte, c’est-à-dire les personnes qui sont en contact direct avec les personnes âgées (intervenants à domicile, médecins…) ou les associations de bénévoles dans le cadre du programme Monalisa ; les personnes qui analysent l’alerte (conseil général, équipes médico-sociales, centre communal d’action sociale…) ; les personnes qui traitent l’alerte et accompagnent les personnes, à savoir celles du secteur gérontologique (conseil général, centre local d’information et de coordination, réseaux et filières gériatriques…) et du secteur psychiatrique en lien avec le médecin généraliste. Il convient alors d’identifier deux parcours d’accompagnement, suggère le CNBD : « l’un pour les personnes âgées déjà dans le circuit de soins pour lesquelles le dispositif veillera à simplifier son parcours [2] et l’autre pour les personnes hors du circuit de soins que le dispositif veillera à faire accéder aux soins ». Dans ce cadre, il préconise également d’accroître le nombre et l’accessibilité des consultations spécialisées pour les personnes âgées présentant des troubles psychiatriques et un risque suicidaire effectuées par des spécialistes formés aux spécificités de la psychiatrie du sujet âgé et aux particularités du vieillissement et de ses pathologies.

Deuxième niveau d’actions : l’identification des missions des intervenants, avec le repérage des facteurs de risque et de crise suicidaire et le rôle d’orientation, la prise en charge effective de la crise ou des troubles psychiatriques (3) et l’accompagnement des familles endeuillées par le suicide (postvention). Pour le comité, il faut faire ici une « place significative » aux psychologues cliniciens, dont il conviendrait d’augmenter le nombre tant en établissement qu’à domicile.

Le troisième niveau d’actions consisterait, pour le CNBD, à mettre en place des actions de formation au risque suicidaire, notamment au travers de l’outil « Mobiqual », actuellement diffusé auprès des professionnels de l’aide à domicile et des établissements. Enfin, pour l’instance, ce schéma d’organisation, qui devra s’appuyer sur des structures préexistantes au niveau local, devra proposer et mettre en œuvre une « coordination effective et forte entre le secteur gérontologique, le secteur psychiatrique et les médecins généralistes avec un travail concerté entre ces différents professionnels et le tissu associatif local ».

Notes

(1) Voir ASH n° 2819-2820 du 19-07-13, p. 16. Le programme Monalisa sera opérationnel dès le 17 octobre grâce au déblocage de 784 000 € de crédits par la caisse nationale de solidarité pour l’autonomie, a indiqué Michèle Delaunay.

(2) Le CNBD fait ici référence au parcours de santé des personnes âgées en risque de perte d’autonomie.

(3) Pour le comité, il sera ici « nécessaire de formaliser des suivis ambulatoires de patients dépressifs à domicile comme en établissements ».

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